17 février 2022
Mardi 15 février, les députés européens se sont positionnés sur la lutte contre le cancer. Parmi leurs recommandations, celles sur l’alcool font l’objet de controverses.
Les différents députés prennent la parole successivement ©Lorenzo Vergari Morelli
Éviter 40% des cancers, c’est l’objectif affiché par les parlementaires en séance plénière, ce mardi 15 février. Après deux ans de travail, la commission spéciale de lutte contre le cancer (Beca, pour “Beating cancer”) a présenté ses recommandations au Parlement. Les parlementaires veulent renforcer la stratégie européenne pour vaincre la maladie, deuxième cause de mortalité en Europe. Leur objectif ? Lutter contre les disparités entre les États membres dans le combat contre le cancer. “Les conditions de survie peuvent changer de 25% selon le pays à l’intérieur de l’Union européenne et cela ne peut pas continuer”, affirme la rapporteuse Véronique Trillet-Lenoir (Renew, libéraux).
L'alcool au coeur des débats
En plénière, les débats se sont cristallisés autour d’une recommandation spécifique : la consommation d'alcool. Dans le rapport, il était question d'imposer un nutri-score affiché sur les bouteilles indiquant (avec un F noir) la dangerosité pour les consommateurs. Une mesure poussée par le groupe des Verts: “Il faut avertir qu’il n’y a pas de consommation saine d’alcool, l’OMS dit clairement que chaque verre est dangereux”, a affirmé Tilly Metz, eurodéputée (Vert/ALE, écologistes). Mais cette mesure a suscité la controverse au sein du Parlement. “Il faut faire une différence entre une consommation saine, un bon verre de vin pendant un repas, et un abus. Sans cette nuance, on risque de pénaliser les viticulteurs et les petits producteurs”, a estimé Stefania Zambelli (Identité et Démocratie, identitaires). Face à l'opposition majoritaire, cette mesure a finalement été rejetée.
Plus de transparence pour les brevets
Les parlementaires se sont en revanche accordés sur la proposition visant à améliorer la coordination entre États en matière de santé, notamment avec une meilleure transparence pour les brevets de médicaments anticancéreux. Pour Tilly Metz, “tout le système des brevets crée un marché monopolistique pour les entreprises et leur permet de maintenir le prix des médicaments. C’est un obstacle majeur pour l’accès au traitement.”
Les deputés européens demandent aussi une meilleure coordination des États pour faire face aux pénuries de médicaments. Il faut “des médicaments disponibles et abordables et des achats conjoints entre États”, selon Véronique Trillet-Lenoir.
Plus largement, les deputés se disent favorables à “une Europe du médicament”, pour permettre à tous les citoyens des pays membres de l’Union de bénéficier des mêmes soins et ainsi, faire en sorte que la lutte contre le cancer devienne davantage un enjeu européen plutôt que national.
En 2020, au sein de l’Union européenne, 2,7 millions de personnes ont été diagnostiquées avec un cancer et 1,3 million ont perdu la vie.
Stefania Zambelli (50 ans) est fortement opposée à la mise en place d’un nutri-score sur toutes les boissons alcoolisées ©Lorenzo Vergari Morelli
Anaëlle Forveille et Lorenzo Vergari Morelli