Vous êtes ici

Face à l’inflation, Christine Lagarde tente de rassurer les eurodéputés


17 février 2022

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a défendu devant le Parlement de Strasbourg, lundi 14 février, la politique de relance menée par l’institution monétaire. Avec l’intention d’apaiser les craintes des eurodéputés au sujet de l’inflation.

Elle était l’invitée de marque de cette deuxième session plénière de l’année. Christine Lagarde s’est rendue au Parlement européen à Strasbourg, lundi 14 février, pour le vingtième anniversaire de la mise en circulation de l’euro. Après une courte cérémonie, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) s’est livrée à l’exercice pour lequel elle était réellement attendue: débattre avec les eurodéputés des activités de l’institution monétaire en 2021 et de l’état de l’économie européenne.

Relancer l’économie européenne tout en limitant l’inflation

Un mot était sur toutes les lèvres ce lundi : l’inflation. La hausse globale des prix atteint des records (+5,1% au mois de janvier en Europe). Un phénomène principalement lié à l’envolée des prix de l’énergie, au moment où les tensions à la frontière ukrainienne menacent l’approvisionnement européen en gaz russe.

[ Plein écran ]

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, devant les eurodéputés au Parlement de Strasbourg, le 14 février 2022. ©European Union 2022 - Source : EP

La BCE, dont la mission principale réside dans le maintien de la stabilité des prix dans l’Union européenne, se veut rassurante: “Les conditions de la demande dans la zone euro ne présentent pas les mêmes signes de surchauffe que ceux observés dans d'autres grandes économies, ce qui laisse espérer un retour vers l’objectif de 2% d’inflation vers 2023.” Jugeant temporaire l’augmentation des prix, pas question à ce stade pour la Banque centrale basée à Francfort d’augmenter ses taux directeurs, taux d’intérêt des prêts qu’elle accorde aux banques commerciales du continent pour répondre à leurs besoins en liquidités. Ces taux sont un levier fondamental des banques centrales pour juguler l'inflation en limitant le recours à l'emprunt.

Mais l’institution présidée par Christine Lagarde fait figure de cas isolé. Londres a déjà relevé deux fois ses taux directeurs et Washington prévoit une augmentation de ses taux mi-mars. Si la plupart des parlementaires soutiennent la position de la BCE, certains d’entre eux se montrent méfiants. “L’inflation ne va pas disparaître comme par magie!”, avertit l’Allemand Engin Eroglu du groupe libéral Renew. “Il faut une action immédiate et augmenter les taux d’intérêt pour éviter une escalade des attentes.”, tranche quant à lui le Belge Johan Van Overtveldt (CRE, nationalistes).

En complément de taux directeurs historiquement bas, l’institution monétaire conjugue sa politique monétaire depuis mars 2020 avec le Programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP), une politique temporaire d’achat d’obligations sur les marchés financiers créée spécialement pour faire face à la crise du coronavirus. Cette mesure d’un montant de 1 850 milliards d’euros permet aux entreprises, aux pouvoirs publics et aux ménages d’emprunter à des coûts plus faibles. Alors que Francfort s’est engagée à mettre un terme à ses achats d’actifs d’ici fin mars 2022, certains parlementaires demandent la prolongation de ce programme d’urgence. “Le PEPP doit rester en place autant que nécessaire”, soutient l’eurodéputé grec Dimitrios Papadimoulis (GUE, gauche radicale), rapporteur principal d’un rapport sur les activités de la BCE. “Nous prendrons les bonnes mesures au bon moment”, tempère Madame Lagarde, qui semble ouvrir la porte à l’adoption d’un nouveau calendrier.

« Une politique économique plus verte et respectueuse »

Au travers de l’inflation, c’est aussi la question de l’écologie qui s’est immiscée dans les débats. La récente hausse des prix de l’énergie faisait craindre à de nombreux députés un ralentissement des investissements dans la transition écologique, bousculant de fait la promesse de Francfort. En juillet dernier, la BCE s’engageait dans une politique monétaire plus verte pour emboîter le pas au Pacte Vert, qui projette de réduire les émissions de gaz à effet de serre en Europe de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990.

Christine Lagarde ne prévoit aucun changement de cap. Elle a ainsi réaffirmé sa promesse “d’une politique économique plus verte et respectueuse”. Un engagement salué par la plupart des députés européens. “La BCE peut jouer ce rôle et contribuer à protéger le climat”, assure l’eurodéputée écologiste allemande Henrike Hahn. Certains élus, minoritaires, sont plus sceptiques. “Il faut reconsidérer le risque climatique face à la pandémie et l’inflation qui ont ralenti la transition écologique”, martèle le député identitaire italien Valentino Grant.

La Banque centrale publiera en mars ses nouvelles projections économiques. Elle sera particulièrement attentive aux prix de l’énergie, se disant prête à ajuster sa politique monétaire afin d’assurer la stabilité des prix.

 

Liza FOESSER-ECKERT et Louison LEROY

Comment la Banque centrale européenne fonctionne-t-elle ?

©European Central Bank - YouTube

Imprimer la page