17 février 2022
La menace d’une nouvelle invasion russe en Ukraine a bousculé la session plénière du Parlement européen, à Strasbourg. Dans une déclaration commune, les députés affichent leur unité.
Le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a rappelé l’unité des Européens aux côtés de l’Ukraine. ©Pierre BAZIN
“Nous sommes unis face au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine”. Dès l’ouverture de la session plénière du Parlement européen, à Strasbourg ce lundi 14 février, sa présidente Roberta Metsola a exprimé la solidarité des Européens avec le peuple ukrainien.
Cela faisait depuis 2014, année de l’annexion de la péninsule de Crimée et le début de la guerre dans la région du Donbass, que le Vieux Continent n’avait pas connu une telle tension militaire et diplomatique. Depuis décembre, Vladimir Poutine a décidé de masser plus de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne, faisant craindre une invasion. Ces dernières semaines, les tensions diplomatiques se sont exacerbées, au point de bouleverser la session parlementaire à Strasbourg. Au cours de la semaine, le Parlement a montré qu’il était prêt à soutenir des actions rapides et fortes aux côtés des autres institutions européennes si la situation devait s’aggraver.
L’unité des Européens face aux pressions russes
Face à cette possible invasion russe en Ukraine qui pèse sur le continent, les différents groupes politiques du Parlement européen ont adopté une déclaration commune. L’occasion de rappeler l’attachement des Européens à l’indépendance et l’intégrité territoriale des pays. “Ce n'est pas seulement une menace pour la sécurité de l'Ukraine et la sécurité de son peuple. C'est aussi une menace [...] pour l'ordre international fondé sur des règles et pour la sécurité de l'Europe dans son ensemble”, ont-il déploré.
Ils demandent en particulier “l’arrêt immédiat du projet Nord Stream 2 si la Russie lance une attaque contre l'Ukraine”. Ce projet de gazoduc, dont la construction a été lancée en 2018, doit permettre à la Russie d’alimenter l’Allemagne en gaz, en passant directement par la mer Baltique, et non par l'Ukraine. Alors qu’une grande partie du gaz importé par les pays européens provient de la Russie, le gazoduc Nord Stream 2 est devenu une arme diplomatique dans la situation ukrainienne.
Tous réunis au Parlement mercredi, le Haut Représentant pour les Affaires extérieures, Josep Borrell, le dirigeant du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, ont insisté sur le fait que l’Union Européenne était née pour mettre fin à toutes les guerres sur le continent. Le chef de la diplomatie européenne a, par ailleurs, fustigé la volonté du Kremlin de diviser les Européens. “L’UE ne compte pas aux yeux des Russes. Pour preuve, le ministre Lavrov a envoyé une lettre à chacun des États membres. Vingt-sept lettres auxquelles il n’a reçu qu’une seule réponse coordonnée, celle de l’Union Européenne”.
Les difficultés de l’UE à peser face à la Russie
Dans cette crise russo-occidentale, les Européens tentent de peser par le biais de sanctions. Clément Beaune, présent à l'hémicycle en tant que représentant du Conseil de l'Union européenne, précise que “l’UE a toujours été très claire sur le fait que nous préparions un certain nombre de mesures européennes de réplique”. En attendant de réagir à une éventuelle agression russe, les parlementaires ont accordé un prêt de 1,2 milliard d’euros à destination des Ukrainiens.
Mais pour Mathieu Boulègue, chercheur au sein du programme Russie et Eurasie pour le Think Tank Chatham House, le conflit se joue surtout entre Washington et Moscou. “C’est une crise au sujet de l’Ukraine, sans l’Ukraine”, ajoute le chercheur. Et selon lui, “Poutine n’en a rien à faire de discuter avec l’Europe”.
Mercredi, Moscou a envoyé des signes d’apaisement en annonçant le retour de soldats dans leur garnison. Josep Borrell s’est voulu prudent en rappelant qu’il faut toujours vérifier si ces troupes ont réellement été retirées”. Depuis, les tensions semblent être revenues à un niveau élevé, ce jeudi une école ukrainienne a été bombardée. Une attaque que Washington et Kiev attribuent à Moscou.
Charlotte Thïede et Pierre Bazin