Vous êtes ici

L'Union européenne veut regagner sa place dans le cœur de l'Afrique


17 février 2022

En amont du sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, organisé le 16 et 17 février, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a présenté aux eurodéputés la position de l’Union sur l’avenir des relations entre les deux régions. L’objectif: faire en sorte que l'UE regagne sa place en Afrique.

"Nous devons prouver que l’Union européenne reste le partenaire le plus fiable de l’Afrique." Voilà l’enjeu principal, selon Josep Borrell, du sommet qui s’ouvre ce jeudi 17 février à Bruxelles entre l’Union européenne et l’Union africaine. Mardi 15 février, au Parlement européen, le chef de la diplomatie européenne s’est exprimé devant les eurodéputés pour clarifier la position de l’UE sur ses futures relations avec les pays africains.

L’UE va investir en Afrique 

"Ce sommet aura lieu dans un contexte inédit, avec un paysage géopolitique de plus en plus compétitif" rappelle le chef de la diplomatie européenne. En effet, l’Europe, doublée depuis le début des années 2010 par la Chine, premier partenaire commercial et premier bâtisseur en Afrique, "n’est plus l’interlocuteur principal du continent" alerte l’eurodéputée franco-grecque Chrysoula Zacharopoulou (Renew, libéraux). En moins de 20 ans, la valeur des échanges commerciaux entre Pékin et l’Afrique a été multipliée par vingt (de 8 à 178 milliards d’euros) dans le cadre du plan d’investissement chinois des "Nouvelles routes de la soie". 

[ Plein écran ]

Josep Borrell, Haut Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, face aux eurodéputés. ©European Union 2022 - Source : EP

Consciente de cette situation, l’Europe entend se (re)placer comme un partenaire économique de choix pour l’Union africaine. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’émergence du programme européen Global Gateway, une initiative qui mobilise des fonds publics et privés pour des projets durables à travers le monde. Une enveloppe de 150 milliards d’euros a été annoncée par la Commission pour le développement d’infrastructures sur le continent africain. Une partie de cet investissement pourrait soutenir la "mise en place de capacités de production de vaccins" contre le covid-19, comme le suggère l’eurodéputé suédois Tomas Tobé (PPE, conservateurs). Une façon d’accélérer la vaccination et de se racheter après le manque de solidarité de l’UE lors de la pandémie, reconnu par Josep Borrell dans l’hémicycle. 

Un engagement militaire repensé

Mais pour que les acteurs économiques investissent, encore faut-il un contexte politique favorable, à l’heure où l’instabilité règne notamment au Sahel. Le dernier coup d’État en date, au Burkina Faso, fin janvier, le rappelle. Tout comme la présence de plus en plus active des mercenaires russes du Groupe Wagner, environ 800 à 900 à ce jour selon l’armée française, au Mali et en Centrafrique.

Le sentiment anti-européen croissant a poussé les chefs d’États à repenser leur présence militaire. Quelques heures avant l’ouverture du sommet entre l’UE et l’Union africaine, la France, ses alliés européens dans la force opérationnelle Takuba (lancée en 2020), et le Canada ont annoncé un "retrait coordonné" du pays, dans un communiqué commun. Le dialogue devenu impossible avec la junte militaire malienne pousse les forces européennes à se déplacer dans un pays voisin, le Niger. Le sommet est l’occasion rêvée pour l’UE de montrer qu’elle est loin de rompre avec l’Afrique.

Camille Aguilé et Jules Beaucamp

Imprimer la page