Un Strasbourgeois de 46 ans comparaissait ce jeudi 7 février au tribunal de grande instance pour des vols commis au quartier Esplanade en ce début d'année. Multirécidiviste et ayant passé 15 ans en prison sur les 25 dernières années, il a été condamné à un an ferme.
Entouré de deux policiers, monsieur B. se présente dans le box des accusés, l'air las. Né à Strasbourg en 1972, l'homme, qui porte une fine moustache, est en détention provisoire depuis maintenant deux semaines. Il comparaît pour un vol simple et un vol avec effraction, alors qu'il se trouvait en état de récidive légale.
Son casier judiciaire est déjà chargé : M. B. compte déjà trente condamnations depuis 1993, et même une trente-et-unième prononcée le matin-même dans une autre affaire. Le prévenu a ainsi passé sur les 25 dernières années un peu plus de 15 ans par intermittence en détention. Son dernier séjour en prison s'est achevé le 10 décembre 2018.
Le 20 janvier 2019, M. B. entame la journée en avalant deux plaquettes de son traitement à la méthadone, avant de s'alcooliser lourdement. Le soir venu, il dérobe dans un restaurant le smartphone d'un employé. Après avoir brisé la vitrine d'un deuxième établissement, il vole le tiroir-caisse ainsi qu'une tablette numérique. Il sera interpellé quelques minutes plus tard par les forces de l'ordre.
Interrogé à la barre sur les faits qui lui sont reprochés, M. B. assure ne pas se souvenir de la fin de sa soirée. Il met surtout l'accent sur son inadaptation au monde extérieur après toutes ces années passées derrière les barreaux : « Quand j'ai été incarcéré pour la première fois, il n'y avait pas internet. Même si je suis libéré de temps en temps, je n'y comprends rien dehors. »
Après toutes ces années derrière les barreaux, le retour à la vie normale semble être difficile : « Même lorsque j'ai un aménagement de peine et que je sors plus tôt, je sais que je dois y retourner quelques semaines plus tard pour une autre peine prononcée avant. Je suis à la fois libérable et non-libérable ». Au président, il assure s'être inscrit au RSA et avoir cherché du travail, qu'il a trouvé chez Emmaüs. Cependant, son ancienne addiction aux drogues, auxquelles il a substitué depuis dix ans un traitement à la méthadone, ne lui facilite pas la vie dehors : « C'est la même chose, je l'achète juste à la pharmacie, et je suis autant dans les vapes ». Et de déclarer, résigné : « Ce qu'il faut, c'est me soigner avec un suivi psychiatrique si je veux m'en sortir dehors. Malheureusement il n'y a pas assez de moyens, les médecins ne peuvent pas passer plus d'une demie heure par-ci par-là avec un détenu. C'est triste mais j'ai l'impression que la prison est ma maison ».
Dans son réquisitoire, le procureur estime « impossible pour le prévenu d'échapper à la détention. Il manifeste une envie – peut-être inavouée – de retourner en maison d'arrêt ». Le magistrat requiert deux années de prison, dont une de mise à l'épreuve. Son avocate invoque pour la défense de son client l'état de « quasi-inconscience » au moment des faits de M.B., sa condition médicale et sa santé mentale défaillante. M. B. est toutefois reconnu coupable des chefs d'accusation à son encontre, écope d'un an d'emprisonnement ferme et reste en détention.
Pierre Griner