À l'université et dans les lycées de Strasbourg, la tendance du moment c'est Spotted ( "repéré" en français), une page Facebook où l'on peut déclarer anonymement sa flamme.
La plupart des annonces Spotted à Strasbourg concernent des étudiants de la faculté de droit. Photo David Métreau/CUEJ
Le principe de Spotted est simple, on laisse un message anonyme en décrivant la personne que l'on veut revoir, le lieu où on l'a repérée et on laisse éventuellement un message d'amour. Un peu à la manière des annonces dans les pages courrier de Libération, sauf que c'est sur une page Facebook, la plupart du temps consacrée à une université ou un lycée. Celle de l'Université de Strasbourg (UdS) compte plus de 5 000 fans et environ 160 annonces postées en moins d'un mois.
Ces messages maladroits, grandiloquents ou simplement amusants concernent principalement les étudiants en Droit de l'UdS. Certains s'improvisent poètes.
D'autres sont plus directs : "Je recherche un brun ténébreux dénommé Farid, étudiant en L3 chimie."
"Je trouve ça original, les gens qui écrivent ont un bon style, certains sont vraiment à fond mais tous ont beaucoup d'humour", juge Arnaud en licence 1 de Droit.
Après la mode des coachs en séduction, la nouvelle tendance des réseaux sociaux va-t-elle mettre fin à la drague à la française ? Direction le campus pour discuter avec des dragués et des dragueurs de l'université.
Nicolas, 19 ans étudiant en Sciences sociales trouve l'idée intéressante : "C'est assez drôle, ça permet de se livrer secrètement. C'est bien pour les timides." Sa camarade, Elise n'est pas aussi enthousiaste : "Je trouve que ça peut enlever le côté charmant d'une rencontre. En plus je ne suis pas sur Facebook. Ça amène à des dérives."
Si jusqu'à présent les étudiants strasbourgeois semblent accueillir de manière plutôt positive cette nouvelle tendance, Arthur en licence 3 de Droit à Strasbourg a une dent contre la spotted-mania. Il a ri jaune en voyant sa description sur une page Spotted de l'université, surtout qu'il s'agissait d'un canular monté par un ami.
Sur Twitter, l'autre réseau social populaire, les réactions sont claires : Spotted on n'en veut pas.
Le phénomène Spotted n'est pas purement strasbourgeois. C'est Erwin de Saint Légier, un étudiant en droit à l'Université Paris II Panthéon-Assas a importé l'idée très développée au Royaume-Uni, en Allemagne et en Belgique. Il lance 120 pages en France, sur les campus principalement, en moins d'un mois, sous le couvert de Mempyre, "un hub de projets web", qu'il a créé. Désormais la tendance est plus large. Des milliers d'autres pages ont fleuri reprenant le même concept. On peut se faire "spotter " dans les bibliothèques ou dans les transports en commun.
Comme partout en Europe, pléthore de nouvelles pages ont vu le jour dans les lycées strasbourgeois, de Fustel de Coulanges à Pontonniers en passant par Kleber, avec messages d'amour, mais aussi insultes et blagues potaches. Quand l'amour et l'humour laissent place aux règlements de comptes.
Des dérives plus graves ont été constatées outre-manche, où le phénomène Spotted a débuté. Entraînant racisme, moqueries, insultes et misogynie. Les pages des universités anglaises de York et de Exeter ont même été fermées.
David Métreau