Dans son futur plan de sobriété, le gouvernement prévoit l’extinction des publicités lumineuses de nuit, une mesure jugée insuffisante pour un collectif d’associations. À Strasbourg, la mairie se veut exemplaire, mais bute sur les obstacles.
Les écrans publicitaires vidéo sont très consommateurs en électricité. La régulation de leur fonctionnement est à l'ordre du jour du gouvernement. Cuej.Info / Quentin Celet
« Monsieur le Président, éteignez les écrans. » Telle est la revendication d’un collectif d’associations à l’origine d’une pétition, composé entre autres de Résistance à l’agression publicitaire, Greenpeace, Alternatiba ou encore Plein la Vue. Ces dernières jugent que l’extinction des écrans numériques la nuit, prévue entre 1 h et 6 h du matin, ne va pas assez loin. D’après les signataires de la pétition, ces dispositifs alimentés par des LED, et particulièrement demandeurs en énergie, devraient tout simplement disparaître.
Cette mesure gouvernementale vise à harmoniser les politiques des villes, étant donné que pour l’heure les règles peuvent différer selon les communes. À cet égard, Strasbourg fait figure d’exception : « Pour les extinctions d’enseignes, la ville de Strasbourg a établi des restrictions entre 23 h et 7 h du matin, qui vont plus loin que les promesses nationales », explique Charlotte Ribaute, co-présidente de l’association Résistance à l’agression publicitaire (RAP).
60 nouveaux dispositifs ont vu le jour cet été
Pour la dirigeante du bureau strasbourgeois de l’association, la difficulté est ailleurs : « La mairie dispose de très peu de marge de manœuvre par rapport à l’installation de ces dispositifs. » La faute à un retard dans l’application des règlements. Cet été, pas moins de 60 nouveaux dispositifs publicitaires ont vu le jour dans l’Eurométropole, à la suite d’un vote favorable de l’intercommunalité remontant à 2019. Contactée par nos soins, la mairie de Strasbourg n’était pas joignable dans l’immédiat pour répondre à nos questions à ce sujet.
L’annulation des commandes des écrans numériques, installés par l’afficheur JCDecaux, est également un vrai casse-tête : « Il est souvent trop cher pour la collectivité d’annuler les contrats de mobilier urbain, justifie Charlotte Ribaute. La nouvelle mairie écologiste n’a eu l’occasion de le réaliser qu’une fois, pour éviter l’apparition de nouveaux dispositifs recto-verso en centre-ville. »
De plus en plus de publicités sur les vitrines de magasins
Mais pour l’association, qui milite depuis de nombreuses années contre ces pratiques, toutes les publicités numériques ne tombent pas sous le coup de la loi : « Nous militons pour l’extinction des écrans accolés aux abris de bus et de tram, qui appartiennent au domaine public. Mais de plus en plus de magasins exposent des publicités sur leurs vitrines. Et là, il y a un flou juridique », s’inquiète la responsable de RAP Strasbourg.
Une situation qui gagnerait à être clarifiée dans le cadre du plan de sobriété énergétique, afin d’harmoniser la législation nationale. Le 31 août dernier, la maire Europe Ecologie - Les Verts de Strasbourg Jeanne Barseghian dévoilait son plan local de sobriété énergétique, visant à économiser 10 % d’énergie à l’échelle de l’Eurométropole. Présentation durant laquelle elle a expliqué avoir ouvert des négociations avec JCDecaux pour « réduire, voire stopper, l’éclairage nocturne des panneaux publicitaires ».
Quentin Celet
Édité par Charlotte Thïede