Six candidats aux municipales ont débattu de la jeunesse et de la culture, jeudi 20 février, au cinéma Odyssée. Beaucoup de grandes déclarations, peu de propositions concrètes et des digressions.
De gauche à droite : Jean-Claude Val (Front de gauche), Alain Jund (EELV), Roland Ries (PS), François Loos (UDI), Fabienne Keller (UMP-Modem) et Jean-Luc Schaffhauser (Front national)
Ce jeudi soir, au cinéma Odyssée, près de 200 personnes ont assisté au débat entre les six principaux candidats aux municipales à Strasbourg. L'événement était organisé par des étudiants de Sciences Po. "Évitons les petites phrases et les postures politiques", a prevenu l'animateur du débat, Olivier Picard, chroniqueur au Nouvel Observateur.
Le débat, consacré aux questions de la jeunesse et de la culture, a été cordial, parfois agité mais souvent monotone. Quelques sujets ont tout de même permis aux candidats de s'enflammer. Roland Ries, sérieux et concentré, et sa principale rivale Fabienne Keller, incisive et détendue, ont marqué le tempo et concentré l'attention. Le maire sortant n'a jamais attaqué la sénatrice du Bas-Rhin de front. Mais Alain Jund, candidat écologist et adjoint du maire, a joué le porte-flingue.
François Loos, questionné sur sa liste indépendante et son refus de faire une alliance avec l'UMP dès le premier tour, cafouille. "Les Strasbourgeois ont le droit d'avoir un candidat UDI", prétexte celui que les sondages donnent à 8 %. Quant à Jean-Claude Val, Front de Gauche, et Jean-Luc Schaffhauser, Front national, ils ont multiplié les grands sermons, anti-libéral pour l'un, nationaliste pour l'autre.
L'urbanisme s'invite dans les débats
À un mois du premier tour de l'élection municipale, les candidats se sont contentés d'édicter les grands thèmes de leurs programmes respectifs. Aucune annonce n'a été faite. Roland Ries et Fabienne Keller sont pour développer l'Université, améliorer l'offre culturelle à destination des étudiants et baisser le coût des transports en commun. "Je suis pour l'ouverture des médiathèques le dimanche", ajoute Roland Ries. Fabienne Keller acquiesce et poursuit : "Il faut prendre des initiatives pour améliorer l'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail. Ici, à Strasbourg et dans la région." Consensus également pour que le Parlement européen reste à Strasbourg.
Si l'intitulé du débat était bien "jeunesse et culture", ce sont des sujets tout autre qui ont permis aux candidats de trouver de quoi s'écharper. Le tram vers Kehl et plus largement la question de l'urbanisme a notamment agité la séance. "Vous avez mis du béton partout !", accuse Fabienne Keller. "Madame Keller me fait un peu rire, répond Alain Jund. Pendant sept ans vous avez construit moins de dix logements sociaux dans cette ville. Nous avons donc dû en construire un grand nombre. C'est pour ça que le béton a poussé. Pour loger les gens."
Le cas Cohn-Bendit
Les déclarations de Daniel Cohn-Bendit sur Europe 1 restent en travers de la gorge de Roland Ries. Mais Fabienne Keller adopte une attitude inattendue. "Refuser la médaille de la ville à Daniel Cohn-Bendit, ce n'est pas à la hauteur de Strasbourg !", défend la sénatrice du Bas-Rhin. Roland Ries se justifie : "On ne peut pas laisser Strasbourg se faire attaquer sans répondre."
À la fin du débat, qui a tout de même duré deux heures, Jean-Claude Val, Jean-Luc Schaffhauser ne s'attardent pas. François Loos non plus. Quant à Alain Jund, Roland Ries et Fabienne Keller, ils prennent le temps de faire le point avec leurs équipes respectives. Mais le débat a fini plus tard que prévu et une séance de cinéma doit commencer. Le directeur de l'Odyssée invite, de façon pressante, les gens à sortir.
Anthime Verdier