Mathieu Cahn a annoncé qu’il renonçait à porter la liste PS aux municipales à Strasbourg. Il cède sa place à Catherine Trautmann, sa numéro 2 et ancienne maire de la ville.
Mathieu Cahn a annoncé céder sa place à la tête de la liste PS à Catherine Trautmann durant une conférence de presse, mercredi 5 février. Photo : Nicolas Arzur / Cuej
La campagne pour les municipales à Strasbourg vient de connaître son premier gros coup de théâtre. Mathieu Cahn, à la tête de la liste « Strasbourg ville solidaire et vivante », soutenue par le Parti socialiste, a décidé de se retirer, mercredi 5 février, à moins de deux mois du premier tour des élections.
« Les conditions ne sont plus réunies pour que je puisse continuer à diriger notre liste sereinement, a annoncé le candidat lors d’une conférence de presse. Je me retire pour pouvoir me défendre librement et publiquement si l’on m’attaque personnellement sur l’affaire Patrick Gerber. »
Lire aussi : Revivez la conférence de presse de Mathieu Cahn
« Je ne suis pas mis en cause »
En mars 2019, Patrick Gerber, alors directeur de la maison des associations de Strasbourg, a été accusé d’harcèlement et d’agression sexuelles par deux de ses salariées et une stagiaire. Mathieu Cahn, président du conseil d’administration de la Maison, lui avait aussitôt renouvelé sa confiance, avant de le licencier, un mois plus tard. Le dossier est aujourd’hui entre les mains de la justice.
« Le calendrier judiciaire fait que le procès doit se tenir en mars, entre les deux tours des élections municipales. Je veux dès lors être totalement libre de mes modes d’action, de ma parole, sans que cela n’engage l’ensemble des colistiers et déstabilise la liste socialiste », justifie l’adjoint au maire, qui rappelle que s’il est « partie prenante de l’affaire », il n’est pas directement mis en cause.
Mathieu Cahn a cependant refusé de préciser les « attaques » dont il ferait l’objet. Il est resté également évasif sur sa soudaine décision de retrait, alors qu’il aurait pu le faire dès novembre 2019, date à laquelle le procès de Patrick Gerber était initialement prévu.
Trautmann reprend le flambeau
Sans surprise, Mathieu Cahn cède sa place à sa numéro 2 : Catherine Trautmann, ancienne ministre et par deux fois maire de Strasbourg (de 1989 à 1997 et dix mois entre 2000-2001). « J’ai toute confiance en Mathieu, il ne doit pas se laisser traîner dans la boue, a-t-elle tenu à réagir. J’ai souhaité qu’il puisse poursuivre avec nous : il figurera en deuxième position dans la nouvelle liste. »
L’actuelle vice-présidente de l’Eurométropole rendra publique la nouvelle équipe en fin de semaine, tout comme le nouveau projet et le nouveau nom. « Je ne suis ni une revenante, ni un fantôme. Je suis bien vivante. Et si je n’avais pas prévu du tout d’être dans cette position, je dois assumer aussi cette responsabilité. Mon ambition, c’est que nous gagnions. »
Lire aussi : Le portrait de Catherine Trautmann
Une liste socialiste en difficulté
L’ancienne figure politique strasbourgeoise aura fort à faire : dans un sondage Ifop-Fiducial publié le 23 janvier dernier, la liste PS (alors menée par Mathieu Cahn) était créditée de 9% des suffrages. Bien loin des 27% de Jeanne Barseghian (EELV) et des 25% d’Alain Fontanel (LREM).
Une autre inconnue subsiste : les soutiens à la liste PS suivront-ils ? Roland Ries, maire socialiste de Strasbourg, ne se positionne pas pour l’instant et Robert Herrmann, président socialiste de l’Eurométropole, se montre particulièrement indifférent à l’égard de la liste socialiste. Quant aux colistiers de Mathieu Cahn, beaucoup ont appris le remplacement de leur candidat à deux heures de l’annonce officielle. Au PS de Strasbourg, on a connu meilleure ambiance.
Nicolas Arzur