Le 11 février, les auto-écoles manifesteront contre la déréglementation de leur profession partout en France. Elles dénoncent les plateformes internet qui proposent des formations à prix cassés. À Strasbourg, derrière le mot «auto-école», il existe désormais plusieurs réalités.
«Il faut vivre avec son temps». Laurence Fournet sait de quoi elle parle. Son auto-école a bien failli disparaître avant d’être rachetée par la start-up Auto-école.net.
Aujourd’hui gérante de la branche alsacienne de cette boîte nationale, Laurence Fournet a dû s’adapter pour ne pas disparaître. «Avant, je tenais une auto-école, tout ce qu’il y a de plus classique, j’employais quatre moniteurs, mais à un moment donné, il a fallu changer de système ou mettre la clef sous la porte», raconte t-elle.
Pour Laurence, le changement est principalement passé par la suppression des cours de code en classe entière, manettes à la main, dans ses locaux. «C’est ce qui coûte le plus cher pour une auto-école, sauf que plus aucun jeune ne veut perdre du temps à aller, puis revenir aux cours de code… Tout ça pour y rester une heure», explique-t-elle. Aujourd’hui, sa boîte dispose de son propre logiciel, moins couteux, et les élèves bûchent depuis chez eux, via une plateforme en ligne.
Une plateforme différente de celles comme Ornikar ou En Voiture Simone, actuellement sous le feu des critiques. Ces sociétés mettent en lien clients et moniteurs auto-entrepreneurs équipés de leur propre véhicule double commande. Tout se passe en ligne. Il suffit d’un clic pour réserver une heure de conduite. Le client se présente à l’examen du permis de conduire en candidat libre quand il s’estime prêt.
Laurence se situe dans un entre deux. Son entreprise n’est plus une auto école traditionnelle et pas non plus une plateforme type Ornikar ou En Voiture Simone. Pourtant son choix est fait. «Je n’irai pas manifester lundi, avant d’ajouter, mais oui si nous étions une auto école traditionnelle… j’y serais allée pour soutenir les confrères.»
«Dans cinq ans, on sera tous morts»
Au cœur du quartier étudiant de la Krutenau, Brigitte Martinet, la soixantaine, gère seule l’auto école Traction avant. Son verdict est sans appel : «Dans cinq ans, les auto-écoles comme moi, on sera tous morts».
Brigitte Martinet n’ira pas manifester lundi prochain, «ça ne sert plus à rien, de toute façon les décisions du gouvernements son prises depuis bien longtemps».
Elle fait référence à la loi dite « loi Macron » de 2015, celle du travail le dimanche, des «bus Macron» et donc de l’arrivée des plateformes en ligne. «C’était il y a cinq ans qu’il fallait manifester , soupire-t-elle l’air abattu. Brigitte Martinet, bientôt à la retraite, dénonce une concurrence déloyale. «Chez moi, passer son permis coûte entre 1 300 et 1 400 euros. Ornikar propose la même chose à 900 euros (en réalité dès 750 euros NDLR) alors comment voulez vous…»
Martin Schock