Un fleuriste français sur sept a mis la clé sous la porte depuis le début de la crise sanitaire. À Strasbourg, les vendeurs de roses accusent le coup.
"On a tout de suite était étiqueté comme non-essentiel. C'est dommageable.", regrette Cécile Bayle, gérante du Green Fleuriste à Strasbourg. © Claire Birague / Cuej info
Arracher, découper, tailler. Le sécateur s’active dans les mains des fleuristes strasbourgeois ce vendredi. “C’est Roch Hachana, le nouvel an juif, ce weekend, on a beaucoup de travail !”, lance Marie*, armée de longues tiges fleuries. Toutes les cinq minutes, la clochette de l’entrée tinte dans cette boutique installée quartier de l’Orangerie depuis huit ans.
Dans cette ambiance, on peine à croire que le secteur soit en souffrance. Pourtant, si l’on en croit l’interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage Val’hor, 2000 fleuristes ont fait faillite en France depuis le début de la crise sanitaire. Cela représenterait un professionnel sur sept, selon des chiffres révélés par Europe 1.
10 000 euros de pertes
“Nous on fermera pas !", assure Marie. "Mais bien sûr que c’est une tuile qu’on s’est pris sur la tête.” Les pertes dues au confinement sont encore difficiles à chiffrer. Selon la Fédération française des artisans fleuristes, 23% des entreprises avaient une trésorerie négative en mai. “On était déjà très fragilisé avant le confinement avec les gilets jaunes et les grèves”, explique Muriel Bornert de La Fleuristerie à Strasbourg. Avec son mari, impossible de savoir combien ils ont perdu actuellement, mais pour tenir la boutique ils n’ont pas pris de vacances. “Il y a des priorités et on est seulement deux à gérer le magasin.”
En moyenne, les fleuristes français ont accusé une perte de 10 000 euros de chiffre d’affaires. À l’image de la gérante de Green Fleuriste, Cécile Bayle. “J’ai perdu 10 000 euros de recettes à cause du confinement, mais aussi des événements annulés cet été comme les mariages.” Heureusement, les clients réguliers sont vite revenus humer et acheter roses, pivoines et autres dahlias. De quoi mettre du baume au coeur de Cécile : “On a tous été un peu traumatisé. Les gens avaient envie de se faire plaisir. ”
Prix de la fleur à la hausse
“Les clients ne se sont pas rendus compte de l’augmentation des prix”, témoigne Thomas Wagner, de la boutique Les Fleurs du Bien. Pourtant, depuis fin juillet, le coût des fleurs s’est envolé. Et pour cause, les horticulteurs en Allemagne, Pays-Bas et Belgique viennent tout juste de relancer les productions.
“La pandémie ne fait qu’avancer la fin de la fleur telle qu’on la connaît”, avance même ce fleuriste écoresponsable. Au Kenya, principal exportateur de fleurs, de fortes pluies ont ravagé des milliers d’hectares de roses cette année. Covid-19, réchauffement climatique, délocalisation de la production floricole. Les épines dans les mains des fleuristes sont plus nombreuses qu’on ne le croit.
*Le prénom a été modifié
Claire Birague et Lola Breton