La ''Semaine de la pensée marxiste'' est une tradition de l'Union des étudiants communistes. Pendant quatre jours, à l'Institut Lebel de Strasbourg, des conférences, des projections permettent de débattre sur la liberté en Alsace, ou la résistance communiste pendant la Seconde guerre mondiale.
Pierre Krieger et David Bour ont 24 ans. L'un est secrétaire fédéral des Jeunes communistes, l'autre est membre de l'exécutif au PCF du Bas-Rhin. Marxistes convaincus et originaires d'Alsace, où le vote communiste est très faible, ils ont participé à ces quatre soirs de débats. Interview.
Comment avez-vous décidé d'adhérer au mouvement des Jeunes communistes ?
Pierre Krieger : A un moment, vers 20 ans, j'ai eu envie de m'engager politiquement. Mais je voulais aussi changer la société, et surtout, ne pas rester spectateur de ses évolutions. Rapidement, j'ai pris ma carte au parti communiste. Un choix très personnel, puisque ma famille n'est pas engagée ou militante. Aujourd'hui, nous sommes 120 adhérents chez les jeunes communistes du Bas-Rhin, dont 90 étudiants.
David Bour : C'est le fruit d'une longue réflexion pour moi. Nous étions en 2012, j'étais dans une situation de précarité. Je n'avais pas de logement, j'étais au chômage, je dormais sur les canapés d'amis. Je me suis alors posé beaucoup de questions, et j'en suis venu à une critique de la société capitaliste. J'ai eu un déclic, je ne m'intéressais pas beaucoup à la politique, et en plus je viens du Nord de l'Alsace, un territoire plutôt ancré à droite.
Qu'est-ce qui vous plaît dans le communisme ?
PK : La volonté de rupture avec le système capitaliste. Je ne dirais pas que le communisme remplace le paradis chrétien, mais il y a un objectif à atteindre, (changer la société, et je me retrouve dans cette idée. Il y a aussi un respect de l'humain et une volonté de vivre ensemble qui me plaît et qui est importante en ce moment, quand on voit ce qui s'est passé à Sarre-Union par exemple.
DB: C'est la critique du capitalisme. Au moment où j'étais en difficulté, où l'on me disait que, si j'étais au chômage, c'était uniquement de ma faute, les idées communistes ont été les seules à m'apporter une réponse différente.
Mais être jeune et croire encore au communisme, ça n'est pas un peu de l'utopie ?
PK : Pour moi, ça n'est pas utopique de vouloir changer le monde. En revanche, c'est difficile. Mais en même temps, toutes les expériences révolutionnaires sont difficiles ! Surtout qu'il y aura toujours des réactionnaires pour venir nous couper l'herbe sous le pied.
DB: Dire que le marxisme ou le communisme est une utopie, cela voudrait dire que nous n'avons pas de propositions concrètes. Or, ça n'est pas le cas, nous avons des propositions économiques, sociales, très concrètes. Et puis je trouve qu'on est moins dans l'utopie que les libéraux et néo-libéraux qui pensent que la main invisible du marché va tout régler !
Mais vous ne trouvez pas que l'image du Parti communiste n'est plus très crédible ?
PK : C'est vrai qu'il y a eu une période difficile, après la chute du mur de Berlin. Mais si nous défendons des idées communistes, on ne se revendique pas du tout des régimes autoritaires qui les ont appliquées. Et nous avons réussi à remonter la pente. Aujourd'hui, il y a des hommes politiques qui sont sur le devant de la scène et qui ont des idées proches du communisme comme Alexis Tsipras, Jean-Luc Mélenchon ou les leaders de Podemos en Espagne.
DB: C'est vrai que dans les années 1990, le parti communiste s'est cherché mais ça n'est plus le cas aujourd'hui. Pour beaucoup de personnes, le communisme reste lié aux régimes autoritaires de l'Est. Mais ceux qui pensent ça font impasse sur le reste et ne parlent pas des avancées du parti.
Vous pensez qu'un jour le communisme reviendra sur le devant de la scène ?
PK : Oui. On est sur une bonne dynamique actuellement. Et puis avec le Parti socialiste qui se délite, on a des chances ! Le seul problème est qu'on a peu de places dans les médias. Mais on essaie de convaincre les jeunes, c'est un des buts de la semaine du marxisme, qui a d'ailleurs rassemblé plus de 200 personnes.
DB: Pour moi le PCF peut se redynamiser, sinon je n'y serai pas. Mais comme on est à contre-courant des autres partis, on nous délaisse.
Ce jeudi soir, la dernière conférence portera sur la liberté et l'indépendance de la presse.
Marie foult