A 52 ans, Véronique Bertrand a monté sa propre entreprise « Les filles à vélo » et propose sa « jart'elle » pour mettre définitivement fin aux jupes qui s'envolent en pédalant.
C'est les bras chargés de caisses en plastique que Véronique Bertrand passe cet après-midi la porte de la boutique strasbourgeoise de vélos CitiZenbike. A l'intérieur de ces boîtes se trouvent des centaines de jarretelles de toutes les couleurs. Elle les range minutieusement par taille dans le présentoir qui trône au milieu des vélos. Véronique Bertrand n'a pas l'habitude de ce genre de livraison. Et pour cause, il s'agit d'une première. A 52 ans, elle vient tout juste de monter sa propre entreprise « Les filles à vélo », en parallèle de son métier de chargée en communication de l'école et observatoire des sciences de la terre de Strasbourg (EOST).
Pour cette grande amatrice de deux-roues, tout est parti d'un constat, il y a dix ans. « J'en avais ras-le bol que ma jupe s'envole », explique celle qui pédale tous les jours pour se rendre à son travail. Lasse d'attendre qu'une solution se présente, elle décide d'inventer elle-même un objet pour résoudre le problème. Ce sera une sorte de jarretelle qui grâce à un système de pince, empêche la jupe de s'envoler. Une invention qui se veut utile tout en étant jolie, à l'image d'un accessoire de mode.
300 pièces différentes
Tissus, pinces, rubans, épingles...Pendant des mois, elle commande différentes matières premières sur Internet et enchaîne les essais. « Au début, je passais plus de temps à défaire qu'à coudre », s'amuse l'apprentie couturière. Mais Véronique Bertrand est déterminée et parvient finalement à son modèle final, lequel est aujourd'hui en vente. En un an, elle a cousu plus de 300 pièces différentes sur son temps libre.
Véronique Bertrand ne dit avoir pour l'instant que des retours positifs de sa création. Les magasins de vélos CitiZenbike et Rustine et burette n'ont pas hésité à mettre en vente l'accessoire dans leur boutique, à 13,80 euros la pièce. Pour elle, la jart'elle correspond à un réel besoin. Preuve en est, l'entreprise nantaise Poupoupidou a reçu la médaille d'argent au dernier concours Lépine pour sa pince à vélo qui s’aimante à la selle et se clipse sur la jupe pour l’empêcher de s’envoler. Même principe que la jart'elle donc, le design peut-être en moins.
L'entreprise ne sera pas rentable tout de suite. « Même si je vends tout mon stock, je récupérerai à peu près l'argent que j'ai investi », décrit-elle. Véronique Bertrand a, en effet, beaucoup misé sur sa communication. Vidéos, photos, cartes de visite, elle ne laisse rien au hasard et s'est même rendue chez un coach en réseaux sociaux pour apprendre à gérer sa page Facebook. Un « packaging » qui a un coût. Mais Véronique Bertrand ne semble pas y accorder trop d'importance. « Je serai déjà très heureuse que ça marche », exprime-t-elle.
La suite ? « On verra, répond-elle du tac au tac, aujourd'hui c'est un essai. S'il est concluant, pourquoi pas continuer en faisant intervenir une société de sous-traitance ». Mais la gestion d'une entreprise prend du temps. Et à dix ans de la retraite, elle se laisse le temps de la réflexion. Véronique Bertrand pense pourtant déjà à la création de quatre nouveaux accessoires qui viendront compléter sa jart'elle.
Estelle Pattée