Accusé d’avoir commis différentes infractions au code de la route, un Savernois de 27 ans comparaissait ce mercredi 6 février devant le Tribunal de Grande instance de Strasbourg. Multirécidiviste, il a été condamné à six mois de prison ferme.
Tête baissée, S.L. fait son apparition dans le box. Incarcéré en l’attente de son procès, le prévenu prend place sur sa chaise. Il comparaît ce mercredi 6 février pour trois infractions routières : conduite sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants dans un véhicule non couvert par une assurance. L’homme, vêtu d’un col roulé gris, est multirécidiviste : c’est la huitième fois qu’il est condamné depuis 2011, bien souvent pour des faits similaires.
Le Savernois de 27 ans revenait d’une soirée techno à Karlsruhe (Allemagne), où il avait bu plusieurs bières ainsi qu’un Schnaps. Mais il assure que son contrôle positif aux stupéfiants est dû à une consommation antérieure à cette date. De peur de s’endormir au volant, il roulait la fenêtre ouverte. En vain. C’est aux alentours de 8 heures du matin qu’il a quitté la route près de Drusenheim, au nord de Strasbourg, après avoir défoncé une barrière de sécurité. Si sa voiture a fait plusieurs tonneaux, il est parvenu à s’en extraire et à appeler les secours. Bilan : dix jours d’hospitalisation et un mois cloué au lit. Personne d’autre n’a été touché dans cet accident.
« Roupillon »
«Vous êtes en vie et c’est une chance, lui fait remarquer le président. Pourquoi ne pas avoir piqué un roupillon sur une aire de repos ?» L’air fébrile, les mains dans le dos, S.L. n’a pas les mots pour répondre à cette question. «Dieu merci, je n’ai pas causé un pire accident», finit-il par souffler dans son micro. Il explique avoir voulu «oublier, c’est tout». Le prévenu fait référence à ses soucis familiaux : après avoir perdu sa fille dès sa naissance, il doit aujourd’hui se rendre régulièrement à l’hôpital pour rendre visite à ses jumeaux nés prématurés. Malgré une jeunesse compliquée, doublée d’une maladie pulmonaire, S.L. est parvenu à signer un CDI à La Poste. Dès le début de son réquisitoire, le procureur insiste sur le fait que la consommation de drogue et d’alcool est la première cause de mortalité sur les routes françaises. «Vous avez agi en chauffard. Vous avez des problèmes personnels mais ça ne justifie par votre comportement totalement irresponsable», a-t’il déclaré au prévenu, avant de requérir contre lui six mois de prison ferme.
S.L. ne nie pas les faits. Son avocat confie d’ailleurs que son client lui a expliqué avoir «vu sa vie défiler devant ses yeux». «C’est en raison de sa situation qu’il s’est enivré», poursuit-il, jugeant les réquisitions du procureur sévères. Et d’ajouter : «Grâce à son salaire, il fait vivre sa famille : comment pourrait-elle s’en sortir sans lui ?»
Après délibération, le président et les assesseurs ont déclaré S.L. coupable des faits qui lui sont reprochés. Conformément aux réquisitions du procureur, ces derniers l’ont condamné à six mois de prison ferme, à 635 euros d’amende et ont procédé à l’annulation de son permis de conduire. Néanmoins, sa peine est adaptable : S.L. n’ira donc pas en prison. «C’est votre dernière chance», a mis en garde le président.
Florian Bouhot