La coalition gauche-droite au pouvoir a voté ce vendredi le budget 2015 de l'Eurométropole de Strasbourg, marqué par des coupes dans les investissements et des hausses d'impôts. En prévenant que cette rigueur était partie pour durer.
Les conseillers métropolitains ont voté ce vendredi 20 février le budget 2015 avec 73 voix pour, 13 contre et une abstention. (Photo Alexis Boyer / Cuej)
"Une nouvelle ère commence, celle de la sobriété", affirme Pierre Perrin (UDI). Le conseil de l'Eurométropole de Strasbourg, a adopté vendredi midi son premier budget depuis le changement de statut de la communauté urbaine en "métropole". Un budget d'austérité, ou de "rigueur" iront jusqu'à dire certains, élaboré par la coalition gauche/droite à la tête du conseil derrière Robert Herrmann (PS) depuis 2014.
Le budget total diminue de près de 105 millions d'euros entre 2014 et 2015. Les investissements sont particulièrement touchés, avec un recul de plus de 26 % (hors budgets annexes) par rapport à l'année précédente. Tandis que les impôts augmentent.
Les élus ont déjà prévenu que ce serrage de ceinture risquait de se poursuivre les années suivantes. "Ce budget ne sera que le premier d'une longue série pour restaurer des marges de manoeuvre", a estimé Yves Bur (UMP), chef de file des élus de droite dans la coalition au pouvoir. " Il y aura d'autres efforts dans les quatre ou cinq années à venir", a renchéri son collègue Jean-Luc Herzog, maire divers droite de Niederhausbergen. Chez les Verts, Alain Jund (EELV) s'est félicité de cette opportunité de réduire "les projets inutiles". "Disons-nous que la croissance ne reviendra pas. La lucidité est la sobriété", a-t-il avancé.
"Cadeau de naissance indigeste"
Pour justifier coupes budgétaires et hausses d'impôts, la majorité a mis en avant les baisses de dotation de l’État, qui devraient priver la métropole de 67 millions d'euros en trois ans. S'en prenant sans surprise aux élus de gauche, l'opposition a quant à elle mis en cause la gestion du précédent mandat socialiste : "On a connu une surchauffe d'investissements et une réduction de notre capacité d'auto-financement. C'est le résultat de la politique décidée par un trio de grands argentiers Bigot-Fontanel-Ries, a attaqué Georges Schuler, élu UMP de l'opposition. Nous devons maintenant solder le bilan des six dernières années."
Si l'opposition a reconnu la nécessité de réduire la voilure, elle a critiqué les moyens : "Vous allez pratiquer les hausses d'impôts que le gouvernement socialiste ne veut plus assumer, a dénoncé Georges Schuler. C'est un cadeau de naissance de l'Eurométropole indigeste." Fabienne Keller, de son côté, a estimé que c'était "un très mauvais signal pour les entreprises attachées à la stabilité fiscale : C'est un cercle infernal, baisse des investissements, hausse d'impôts et la dette qui continue à déraper".
La coalition gauche/droite a tenu
Les élus UMP de l'opposition ont fustigé leurs collègues qui ont accepté de participer à la coalition. "Dans le pacte de gouvernance de l'an dernier, un des seuls points concrets était la stabilité fiscale. Cher Yves Bur, n'auriez-vous pas par hasard avalé une grosse couleuvre avec ce budget ?", a demandé Jean-Philippe Vetter. Yves Bur s'est aussitôt défendu, estimant avoir choisi "d'affronter les difficultés" : "Il aurait été facile pour moi de rester spectateur et de m'ériger en donneur de leçons."
Un petit tacle à destination des opposants, que le président de l'Eurométropole Robert Herrmann a également attaqués : "Vous n'êtes jamais prêts à aucune concession", a-t-il déploré. Le président de l'Eurométropole s'est dit fier que la majorité hétéroclite ait tenu même si le vote du budget, d'abord prévu pour décembre, a dû être repoussé. "La coalition a peut-être plusieurs défauts mais elle a une grande qualité : elle ne s'interdit aucune discussion", a ajouté Robert Herrmann. Et de conclure, peut-être un brin optimiste : "Il y a une loyauté totale entre nous."
Alexis Boyer et Elisa Brinai