Niveaux des aménagements cyclables à Eckbolsheim – Salomé Fabre, Adèle Tabaali
*Arrêté du 17 mai 2024 modifiant diverses dispositions des règlements de sécurité contre les risques d'incendie et de panique dans les établissements recevant du public.
C’est la nécessité d'aménager de nouveaux itinéraires qui a poussé François Jouan à cofonder Parent’aise, une association de parents d’élèves qui visait à l’origine à rendre plus sûrs les abords des écoles : “Je serais à la place de la maire, je prierais tous les jours pour qu’il n’y ait pas d’accident.
La liste d’opposition issue de ce collectif, Un renouveau pour Eckbo, a recueilli 38 % des voix et remporté cinq sièges au conseil lors du scrutin anticipé de 2024 organisé après le décès du maire, André Lobstein. Lors de cette campagne, François Jouan, père de famille de 52 ans, avait déjà défendu face à Isabelle Halb la mise en place d’un plan vélo afin de “rouler en sécurité”.
Dans les communes voisines d’Eckbolsheim et de Wolfisheim, l’équitation sort de ses codes. Au club hippique Saint-Hubert, c’est le sport collectif qui prédomine avec le horse-ball, tandis qu’avec Horse’up, le cheval accompagne les personnes en situation de handicap.
Point culminant de son programme, la mise à sens unique de la rue du Général Leclerc, empruntée chaque jour par près de 9 400 véhicules selon les données du service de l'information et de la régulation automatique de la circulation (Sirac). D’après le baromètre vélo 2025 de la Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette (FUB), les cyclistes identifient cette rue comme l’axe à aménager en priorité, avec deux points noirs : devant l’école élémentaire des Tilleuls et au niveau du carrefour avec l’avenue du Général de Gaulle. Cette proposition de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) apparaissait déjà dans le plan vélo de 2021, mais n’a jamais abouti.
Plus largement, François Jouan plaide pour de “vraies bandes cyclables et des trottoirs dignes de ce nom”. Laura, mère de deux enfants de 2 et 6 ans, évite les routes lors des balades en famille : “On emprunte les pistes cyclables où on sait qu’on est en sécurité.” Le seul axe dédié aux cyclistes était celui du canal de la Bruche, jusqu’à l’arrivée, le 15 novembre 2025, du tram Ouest et de sa nouvelle piste bidirectionnelle.
Dernier de la classe
Dans le baromètre vélo de la FUB, Eckbolsheim affiche une note de 3/5, avec une évolution négative de 10 % depuis deux ans. Oberhausbergen, la ville voisine, décroche un 4,29/5. Dans sa catégorie “efforts de la ville”, la FUB classe la commune parmi les mauvais élèves. D’après 58 avis, la mairie n’est pas à l’écoute et ne fait pratiquement aucun effort en faveur du vélo.
Le soleil au zénith surplombe le petit lac du parc naturel urbain de Niederholz. Des enfants, vêtus de gilets jaunes, courent, sautent et crient autour des tables de pique-nique. Un mercredi après-midi en plein air pour ces écoliers et écolières, en sortie avec leur centre aéré. “On vient tous les mercredis en fonction de la météo”, explique Justine, animatrice. Elle témoigne de son attachement au canal : “Je ressens de la nostalgie quand je viens ici. J’habite dans le coin depuis petite. Je faisais des sorties sur les bords du canal pour nourrir les canards, les ragondins…” Sur les berges, Samy, lycéen strasbourgeois, fait de la musculation sur les agrès. Il s’y rend tous les jours à la fin des cours, et en profite pour faire le trajet en footing : “C'est cool de courir sur les bords du canal. C'est pas comme courir sur la route avec plein de voitures. C’est le premier coin de nature depuis Strasbourg.”
Cette proximité avec la ville est très appréciée. “On est proche de Strasbourg, tout en se sentant loin de la ville. On voit la nature, les saisons défiler, les bébés ragondins naître”, témoigne Béatrice, habitante de Wolfisheim retraitée venue en balade avec son compagnon.
Les étapes théâtrales de la vie de Christa Wolff. © Anaïs Coste et Ella Peyron
Des fosses pour récupérer les eaux de pluie
Une solution tentée à Wolfisheim. Au square du Bœuf rouge, une zone d’infiltration prend la forme d’une étendue d’herbe creuse de la taille d’un jardin. “Quand il pleut, cette cavité se remplit”, décrit Éric Heitzmann. Par petites touches, l'eau vient ensuite s’infiltrer dans les sols. En longeant la rue du Général Leclerc, au milieu du nouveau quartier, on remarque des fosses entre les immeubles : elles permettent une gestion parcellaire des eaux de pluie. José Vazquez, enseignant-chercheur à l’Engees, spécialisé dans l’assainissement, salue ces avancées : “La règle d'aujourd'hui, c’est tout sauf le tuyau. C’est le moins d'eau dans les réseaux : gérez à la parcelle, faites de la gestion intégrée de l'eau.” Pour ce professeur qui a emmené ses élèves sur le site la semaine précédente, “on n'a jamais demandé à une rivière ce qu'elle pense des rejets. La loi maintenant dit : tu es obligé de lui poser la question”. Aujourd’hui, l’objectif “c'est que l’on trouve un compromis avec la rivière : si je lui envoie un peu de pollution, elle doit être capable de se régénérer”.
Estelle Bouchart et Fanny Turquais