Les boîtes de toutes les couleurs tapissent les murs, du sol au plafond. C’est dans une pièce de sa petite maison à colombages, au cœur de Wolfisheim, que Laetitia Schott conserve les centaines de jeux de société, achetés au fil des ans sur ses propres deniers, pour son association. Créée il y a quatre ans avec son mari Laurent, Ludi Wolfi s’est donné un objectif : tisser du lien social grâce au jeu, dans cette commune de 4 000 habitants. Avec le temps, la maison du couple est devenue un repaire où les familles viennent emprunter jeux de société et jeux vidéo. Le duo a même lancé son propre festival, Wolfi Folies, en 2022, qui a accueilli près d’un millier de participants l’année dernière.
À Wolfisheim et Eckbolsheim, les petites associations peinent à se lancer et à faire vivre leurs projets. Entre malaise et incompréhension réciproque, les relations entre élus et bénévoles se crispent au prix d’un affaiblissement du tissu associatif local.
La préfète a adressé une lettre à chacune d’elles, leur ordonnant de libérer les locaux sous trois semaines. Paul Matthis, professeur et président du club d’aïkido, en est encore sonné : “Je ne m’attendais pas à ce qu’on soit viré comme ça. On savait que ce n'était pas aux normes, mais ça fait 27 ans que c’est le cas.”
Un an plus tard, même si son école a trouvé une solution de relogement à Oberschaeffolsheim, il n’a pas oublié Wolfisheim : “J’ai la chair de poule rien que d’en parler. Quand je mets la voiture au fort Kléber, j’ai envie de pleurer. Ce fort, c’est ma vie, j’y ai plus vécu qu’avec ma famille.” De ses propres mains, il avait posé des sols et monté des murs, afin de transformer un vieil entrepôt militaire en véritable dojo.
Alice Billia et Baptiste Demagny
À court terme, ce n'est pas tenable.” D’autant qu’une aide extérieure ne lui semble pas réaliste : “Nous financer, pour l’instant, n’entre pas dans les priorités de la Collectivité européenne d’Alsace. Il n’y a plus d’argent nulle part et il existe beaucoup de bâtiments à remettre aux normes.” Pas question pour autant de céder le fort. La mairie ne perd pas espoir de le rouvrir un jour aux associations et de faire à nouveau résonner la vie dans les couloirs de l’ancienne caserne.
Un casse-tête administratif
L'heure de tourner la page
Un tutu rose dans la chambre d'amis
La voilà ravie que Thenso ait gagné le cœur du public local, avec une salle comble lors des représentations des Misérables fin octobre. “C’est quelqu’un qui mérite d’être connu en tant que metteuse en scène et en tant que personne”, estime Mathilde. Et après la représentation, lorsqu’il faut démonter les tréteaux et dévisser les boulons, elle ne se repose pas sur les autres. À 73 ans, elle y va.
Celle qui, petite, se rêvait à la fois danseuse étoile, médecin et bonne sœur, vit aujourd’hui sa retraite entourée de costumes et de décors, logés dans sa maison qu’elle a réaménagée en 2024 suite à la fermeture de ses locaux au fort Kléber. Sur le portant installé dans la chambre d’amis qu’elle appelle “la loge” trône un tutu rose, destiné à sa prochaine création intitulée Simone, qui retracera les différentes étapes de sa vie. Sylvie, qui a partagé avec elle les bancs de la fac, l’assure : “Elle a toujours le même appétit de théâtre, elle ne s’économise pas. Et quand elle est sur scène, le monde peut s’écrouler, elle ne le note pas.” Nicole complète : “Elle est comme Molière, elle mourra sur scène.”
© Anaïs Coste et Ella Peyron
Une retraite appréhendée