Après trente ans de silence, l'Université nouvelle redémarre. Encadrée par des membres du parti communiste du Bas-Rhin, elle sera inaugurée ce jeudi soir et propose une dizaine de cours cette année.
Trois questions à Annick Wurtz, secrétaire de l'association Université nouvelle et membre de la commission formation du Parti communiste.
Pourquoi avez-vous décidé de relancer l'Université nouvelle ?
L'Université nouvelle a été impulsée dans les années 60 et a fonctionné jusqu'au décès de sa présidente, Paulette Fischer, en 1987. Au départ, c'était une volonté du Parti communiste. Elle proposait des cours chaque semaine en économie politique, philosophie marxiste et histoire du mouvement ouvrier. Mais le contexte a changé.
Cette année, nous, un groupe d'amis membres du PC, avons pensé que nous pouvions faire un travail dans le domaine de l'éducation. Car si nous proposons déjà des formations au sein du parti, on s'est rendu compte que certaines d'entre elles pourraient aussi intéresser des personnes extérieures.
Nous avons donc lancé l'association Université nouvelle fin janvier, avec au programme cette année, une dizaine de cours sur l'Europe, l'économie et l'histoire du mouvement ouvrier en Alsace.
Quel est l'intérêt de ce type de cours ?
Nous pensons qu'il y a un gros besoin d'éducation populaire. Nous visons les jeunes, mais aussi les moins jeunes, notamment les retraités qui ont plus de temps pour militer, s'intéresser, réfléchir.
Aujourd'hui, on vit mieux si on comprend ce qui se passe. De toute façon, on subit, mais ce n'est pas la même chose de comprendre ce qu'on subit que de subir sans comprendre. Si on comprend dans quelle société on vit, on peut lutter.
Nous sommes dans un système de pensée unique. Et pour faire face au rouleau compresseur qui nous fait face, il faut que les gens soient armés et puissent prendre du recul, qu'ils soient membres ou non d'un parti politique.
Selon Annick Wurtz, « Y a des choses qui ne sont jamais remises en question actuellement, par exemple, l'idée de toujours taxer le travail. Or, il y a aussi l'idée qu'on pourrait taxer le capital. »
Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de proposer des cours orientés politiquement ?
Nous sommes des membres du Parti communiste, et on ne le cache pas. Mais l'Université nouvelle n'a rien à voir avec les formations proposées à l'intérieur du parti. On travaille dans une autre optique.
Nous sommes une association libre. Même si, bien sûr, on n'inviterait pas quelqu'un qui a des positions contraires aux nôtres pour faire les cours et conférences. Pour parler clairement, on ne choisira pas un partisan de l'extrême-droite.
Chacun garde ses opinions, mais on peut avoir une ouverture d'esprit qui nous amène à écouter les autres, même s'ils ne pensent pas la même chose que nous. Moi par exemple, j'écoute Marine Le Pen. Il ne faut pas rester dans son petit monde.
Séance inaugurale de l'Université nouvelle, jeudi 20 février, de 20h à 22h, à la Maison des associations, place des Orphelins à Strasbourg. Au programme : présentation des cours et conférences de cette année et projection du film "Les jours heureux", de Gilles Perret. Entrée libre.
Gaëlle Henry