Alors qu’il se rendait en Forêt-Noire pour un déplacement professionnel, ce travailleur allemand a eu la surprise de se retrouver sur une portion payante du grand contournement ouest. Le tribunal judiciaire de Strasbourg l’a condamné à payer une amende de 1 800 euros assortie d’une interdiction de conduire tout véhicule sur le territoire français pendant trois ans.
Marche arrière toute. C’est la décision prise par ce travailleur allemand en arrivant à hauteur du péage d’Ittenheim dans la matinée du lundi 12 septembre. Assurant suivre le GPS de son véhicule, l’homme a fait demi-tour, parcourant 13 kilomètres en 8 minutes sur l’autoroute A355 entre Ittenheim et Vendenheim avant d’être stoppé.
Entendu par le tribunal judiciaire de Strasbourg ce mardi, le quinquagénaire, poursuivi pour mise en danger d’autrui, a tenté de minimiser son implication. Ainsi, c’est assisté d’une interprète qu’il a livré aux magistrats sa version des faits. Au volant de sa Skodia Octavia, la présence du péage de l’A355, non indiquée par son GPS, l’aurait fait paniquer au point de suivre le conseil d’une voiture belge l’invitant à faire demi-tour : « Je ne savais pas comment ça marchait, je n’en avais jamais vu avant. » En Allemagne, où les autoroutes sont gratuites, ces points de passage n’existent pas. Un argument balayé par le président. Ce dernier a rappelé que la mention « Trajet sans péage » avait été rentrée par le prévenu dans son GPS.
« Je ne voulais pas mettre en danger d’autres personnes »
Pour justifier son acte, le contrevenant a alors assuré ne pas avoir su réagir en apercevant la mention « Paris » sur les panneaux de direction. Une déclaration corroborée par l’examen psychologique, réalisé lundi, le jugeant impulsif et inapte à s’adapter aux situations inhabituelles. Dans son réquisitoire, la procureure a néanmoins insisté sur la dangerosité des faits reprochés : « Vous avez passé 13 kilomètres à contresens, et sur la voie réservée aux dépassements. » Si, parmi les voitures croisées, deux ont dû faire un écart pour esquiver le chauffard, le pire a été évité. Mais la situation aurait pu s’aggraver. Sans l’intervention des forces de l’ordre, l’homme se serait engagé sur l’A4, bien plus fréquentée.
Face à la gravité des faits, l’homme qui présente un casier judiciaire vierge a finalement éclaté en sanglots : « Je suis désolé, je ne voulais pas mettre en danger d’autres personnes. » Des regrets qui n’auront pas convaincu : « On ne peut pas se fier qu’au GPS et le prévenu semble avoir du mal à le comprendre », a tancé la procureure de la République. Même son de cloche chez le président de séance : « Même si la voiture a un GPS, celui qui prend les décisions, c’est celui qui conduit », a-t-il rappelé. Pour ce trajet à contre-courant, le prévenu a écopé de 180 jours-amende à 10 euros. À cette sanction pécuniaire s’ajoute l’interdiction de conduire tout véhicule sur le territoire français, pendant trois ans.
Loris Rinaldi
Édité par Louise Llavori