Déjà candidate pour le MoDem en 2008, adjointe aux maires de gauche comme de droite, Chantal Cutajar a décidé cette fois de mener sa barque seule : une liste « citoyenne » pour la municipale 2020. Et elle semble plus préoccupée de l'effondrement de la société que de sa côte dans les sondages.
Elle dit rêver d’une société « plus solidaire, plus égalitaire, plus protectrice, plus participative, plus juste, et plus respectueuse des habitants ». Rien que cela. Chantal Cutajar, 61 ans, adjointe au maire de Strasbourg en charge de la démocratie locale et des marchés publics, a annoncé sa candidature à l’élection municipale le 10 janvier dernier. Après Alain Fontanel (LREM) et Mathieu Cahn (PS), elle est la troisième adjointe au maire socialiste, Roland Ries, à se lancer dans la course à la mairie, symbole d’une majorité en morceaux.
Chantal Cutajar a lancé sa campagne le 10 janvier dernier, entourée par ses Citoyens engagés. Document remis / Cuej
« Peser dans le paysage politique local »
Adjointe de l’ancienne maire Fabienne Keller (LR), en 2001, puis de Roland Ries depuis 2014, Chantal Cutajar avait déjà été candidate à l’élection municipale sous la bannière du MoDem, en 2008. Elle avait récolté 5,74 % des suffrages. La juriste s’engage cette fois dans la bataille sans parti.
Elle a fondé le mouvement « Citoyens engagés » le 1er décembre 2019, coprésidé par Alain Boos. La « gouvernance » de son association politique s’organise autour de deux collèges : celui des élus, dont elle est la seule membre à l’heure actuelle, et celui des « citoyens », composé par 154 adhérents de son association, issus de la société civile.
Si elle a créé ce mouvement pour mener campagne, elle assure qu’il a vocation à « peser dans le paysage local » au-delà de l’élection municipale.
L’original et ses copies
Une mission qui ne sera pas aisée. Un sondage Ifop commandé par Sud Radio, paru le 23 janvier, estime à 2 % les intentions de vote en faveur de l’adjointe au maire. « Je n’accorde pas beaucoup de crédit à ce sondage, balaye Chantal Cutajar. L’échantillon était réduit, les questions posées relatives aux partis et non aux candidats, et il a été réalisé seulement quatre jours après l’annonce de ma candidature. »
La liste des 65 noms dont elle prendra la tête sera dévoilée le 18 février prochain. « Il n’y aura pas d’autres élus [à l’exception d’elle-même], que des citoyens engagés, des gens actifs sur le terrain », assure Chantal Cutajar. Des colistiers en majorité issus de la société civile, c’est aussi la stratégie adoptée par son concurrent Alain Fontanel. « Je suis contente de voir que d’autres copient, mais moi, c’est l’original », raille la candidate.
« La démocratie représentative ne fonctionne plus »
Au coeur d’un projet aux contours encore flous : la démocratie locale et la participation citoyenne. Mardi dernier, 28 janvier, un premier volet de son programme pour Strasbourg a été dévoilé, sur le thème de « la gouvernance ». La candidate a proposé, entre autres, la création dans chaque quartier d’une « chambre de participation citoyenne » composée de Strasbourgeois, d’élus et d’agents de la collectivité. « Nous faisons le constat que la démocratie représentative ne fonctionne plus », explique Chantal Cutajar. Elle espère répondre à l’attente des habitants « d’une réelle participation ».
La crainte d’un collapse
La candidate présente l’écologie comme une « priorité absolue », dans le sillage de la candidate écologiste Jeanne Barseghian, annoncée en tête du premier tour par le sondage Ifop du 23 janvier. Chantal Cutajar assure qu’elle se « différencie » de cette dernière en intégrant dans son programme les risques « d’une rupture », « d’un collapse » même. Un vocabulaire proche des théories de l’effondrement, un courant de pensé récent annonçant la fin des systèmes sociétaux et environnementaux actuels.
Ce mardi 4 février, une rencontre était prévue par les Citoyens engagés autour de la lutte contre les inégalités. La protection des Strasbourgeois, ou encore les mutations écologiques seront au centre de leurs prochains rendez-vous.
Hugo Bossard