13 février 2019
Le 13 février, le Parlement européen a adopté un rapport regrettant la lenteur des réformes politiques en Bosnie, pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne. Jean-Arnault Derens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans, partage l'inquiétude des eurodéputés.
Depuis 2016, la Bosnie souhaite intégrer l’Union européenne. Cette volonté est-elle partagée par la population ?
Les Bosniens sont, dans leur grande majorité, favorables à une entrée dans l’Union européenne, mais cela n’est pas prêt d’arriver. Aujourd’hui, la Bosnie va extrêmement mal. La division, entre les Serbes orthodoxes, les Croates catholiques et les Bosniaques musulmans est très forte. Depuis les élections d’octobre 2018, le pays n’a pas de gouvernement stable alors envisager d’entrer dans l’Union n’est pas sérieux.
Le Parlement européen demande aux autorités bosniennes de mieux protéger les droits de l’homme, les minorités et la liberté d’expression. Sont-elles en mesure de le faire ?
Le pouvoir politique en place est composé d’oligarques nationalistes corrompus issus des deux entités autonomes, l’une serbe, l’autre croato-bosniaque. Ils se disent favorables à l’Union pour ne pas avoir de problème avec Bruxelles. Mais les vrais sujets de chômage, d’exode massif, d’éducation ne sont pas abordés.
Il n’y a donc pas une volonté forte du pouvoir politique d’accélérer le processus d’intégration ?
Pas du tout ! Les élites politiques jouent sur les divisions du pays et provoquent des crises pour se maintenir au pouvoir. Milorad Dodik, le président serbe de Bosnie a d’ailleurs annoncé qu’il n’agirait qu’au profit de sa communauté. Les Bosniens savent que leurs dirigeants sont corrompus. Ceux qui le peuvent préfèrent migrer dans l’Union européenne plutôt que d’attendre une hypothétique adhésion de leur pays.
Recueilli par Fabien Albert
La Bosnie-Herzégovine est candidate depuis 2016 à l'entrée dans l'Union européenne. ©Maxime Arnoult