13 mars 2019
Pillages de sanctuaires, vols de statues : l’Union européenne vient de se doter de son tout premier règlement concernant l’importation des biens culturels en Europe pour réduire leur trafic illégal.
L’Europe s'est dotée pour la première fois d'un cadre commun concernant l’importation d’œuvres d’art. A 590 voix contre 58, les eurodéputés ont adopté mardi 12 mars un règlement destiné à lutter contre le trafic illégal d’objets d’art. Moins médiatisé que celui des armes ou des drogues, il représenterait pourtant un marché de 3 à 6 milliards d’euros par an.
Pour les eurodéputés, l'enjeu était de trouver un juste équilibre entre la nécessité de lutter efficacement contre ce trafic tout en veillant à ne pas imposer des charges excessives aux marchands d’art.
Selon les nouvelles règles, seuls les biens les plus précieux, définis d'après des critères d’ancienneté et de prix, auront besoin d’une licence d’importation. Tous les objets archéologiques seront par exemple soumis à un contrôle, alors que pour les tableaux, leur valeur devra être supérieure ou égale à 150 000 euros. Un chiffre trop élevé estime Laurent Dach, antiquaire à Strasbourg, qui affirme que seule « une infime partie du marché sera concernée ».
Le règlement s’est heurté aux intérêts économiques du marché de l’art, qui a affiché une croissance de 18 % en 2018. © Orane Delépine
La rapporteure italienne Alessia Maria (S&D, sociaux démocrates) a fait de l’uniformité des contrôles douaniers européens l’une de ses priorités. Objectif : éviter qu’un importateur choisisse un pays plutôt qu’un autre, sachant que les contrôles y sont moins rigoureux.
Malgré de longues négociations, le règlement ne fait pas pour autant l’unanimité. L’eurodéputé britannique Daniel Dalton (ECR, souverainistes) s'est ainsi vigoureusement opposé au texte. Il craint qu’après le Brexit, ces nouvelles règles nuisent aux marchands britanniques en entravant la vente d’œuvres d’art à des clients européens.
Orane Delépine