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La crise de la CDU résonne au Parlement européen


12 février 2020

Rien ne va plus au sein de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU). Le parti constitue la plus importante délégation nationale au sein du PPE, le premier groupe politique au Parlement européen.

Le 7 février dernier, un tremblement de terre a secoué le Land de Thuringe, dans l’Est de l’Allemagne. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un président de région a été élu grâce aux votes conjoints de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), le parti de la chancelière Angela Merkel, et du parti d’extrême-droite (AfD). Les ondes de choc de ce séisme politique se sont fait ressentir jusqu’à Strasbourg, où le Parlement européen siège en session plénière du 10 au 13 février.

La crise de la CDU a suscité un vif malaise au sein du Parti populaire européen (PPE, droite). Avec 23 eurodéputés, la CDU constitue la plus importante délégation nationale du plus grand groupe politiques du Parlement. La décision d’Annegret Kramp-Karrenbauer, la présidente de la CDU, de renoncer à son poste dans les prochains mois, a confirmé le sentiment d’incertitude quant à l’avenir du parti. Si au sein du PPE, la délégation allemande ne s’est pas officiellement prononcée sur la question, la tension est palpable, comme l’indique l’entourage d’une eurodéputée CDU : "Ce n’est pas évident de parler de la CDU au vu de la situation politique interne en Allemagne. L’ambiance n’est pas bonne à Berlin."

L’élection de Thuringe a eu pour conséquence de rompre le tabou d’une alliance entre la CDU et l’extrême-droite. "Il y a un consensus selon lequel nous refusons de coopérer avec l’extrême-droite. On peut presque parler d’un crime", dénonce Jens Geier, chef de la délégation allemande S&D et membre du SPD, le parti social-démocrate allemand. "Annegret Kramp-Karrenbauer a posé des limites qui ont été franchies", poursuit-il.

Mais même pour ses opposants, la crise de la CDU ne semble pas avoir eu d’influence au sein du PPE. "Je ne pense pas qu’il faille s’inquiéter, un parti a le droit de se poser des questions", estime Anna Deparnay-Grunenberg, membre du groupe les Verts au Parlement et du parti Grünen en Allemagne. "Il n’y a pas eu de scission ni d’erreur impardonnable. La CDU est dans un moment de recherche personnelle avec des forces à la fois centristes et conservatrices."

 

Léna Romanowicz

Sommaire plenière février 2020

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