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La création du nouveau quartier des Deux-Rives désenclave le Port-du-Rhin. Mais si les nouveaux logements poussent, la vie de quartier balbutie et les commerces de proximité manquent encore.

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La place de l’Hippodrome au centre du quartier, un mercredi matin à 9h30. Au fond, la pharmacie du Pont de l’Europe. © Camille Wong

                                            

10h, place de l’Hippodrome : peu de passage, pas de jeux pour enfants, du mobilier urbain quasi inexistant… La vie peine à s’installer dans le nouveau quartier du Port-du-Rhin. Seule la pharmacie reconstruite en 2009 sur la place anime le quartier.

Et surtout, pas de marché. « C’est une demande que nous faisons depuis plusieurs années, grogne Anne-Véronique Auzet, secrétaire de l’Association des citoyens du Port-du-Rhin. Tout le monde va au marché de la Marne. Ça fait loin, surtout pour les femmes âgées. » L’association des résidents du quartier n’a même pas de local. Ses membres doivent se réunir dans l’église Sainte-Jeanne d’Arc qui domine la place.

« On est obligés d’aller à Kehl pour faire nos courses », renchérit Anne-Marie Hesse, résidente dans un des nouveaux logements sociaux. La venue d’un traiteur asiatique, d’une agence du Crédit Mutuel, d’un bureau de Poste et l’ouverture prochaine d’une crèche vont dans le bon sens. Mais les habitants réclament davantage de commerces, en particulier alimentaires. 

Autour de la place de l’Hippodrome, entre la cité Loucheur et le jardin des Deux-Rives, la construction s’active. Toujours davantage de barres sortent de terre. Le projet Deux-Rives, initié en 2005 et accéléré après les échauffourées en marge du sommet de l’OTAN de 2009, devrait prendre fin en 2030, selon la Ville.

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Ouverte le 27 février 2017, la clinique Rhéna est en extension. © Cédric Pueyo

 

« Ce projet a vocation à amener une vingtaine de milliers d’habitants dans ce secteur, déclare Philippe Bies, conseiller (PS) en charge de la politique du logement de l’Eurométropole. C’est l’un des rares secteurs de développement dans la métropole aujourd’hui. » Selon CUS Habitat, entre 2009 et 2015 la population est passée de 1200 à 2500 habitants. L’augmentation de la densité favorise ainsi un meilleur aménagement du territoire.

D’après Claudine Simon, propriétaire d’un 81 m2 depuis 2014 à la résidence des Deux-Rives, « il n’y a pas de vie de quartier pour l’instant, les gens ne se connaissent d’ailleurs pas. Ils vivent ici mais travaillent ailleurs », ajoute-t-elle. La proximité avec l’Allemagne et le jardin des Deux-Rives l’ont incitée à quitter Rivétoile pour acheter ici. « J’habite Strasbourg sans avoir l’impression d’habiter une ville », affirme-t-elle.

Mais pour certains habitants, le quartier reste une cité-dortoir. Nathalie Walter et Edouard Ott, un couple d’étudiants en 3e année de licence de STAPS, tranche : « On vit ici depuis début septembre parce que le loyer est moins cher que celui de notre ancien logement dans le centre. La journée, on n’est pas là. Le soir, si on veut sortir, on va dans le centre. Maintenant avec le tram, c’est facile ! »

A ceux qui déplorent le manque de commerces, Philippe Bies répond qu’un local est réservé pour la création d’un commerce de proximité. Mais l’investisseur n’est pas encore connu et encore moins la date d’ouverture.

En attendant, aux Deux-Rives, la clinique médicale Rhéna a ouvert ses portes en février dernier. Elle draine des patients de tout le Bas-Rhin. Par ailleurs, un centre socio-culturel pour les associations du quartier devrait ouvrir courant 2019.

Selon Anne-Véronique Auzet, « les changements dans le quartier sont appréciés par les habitants ». Des initiatives associatives voient le jour. Le Club senior et le petit déjeuner mensuel des habitants du quartier font partie des événements organisés par l'association Au-delà des Ponts. 

« Le Port-du-Rhin prend un nouvel élan, j’ai envie d’être utile au quartier », déclare Michel Makani, tout juste retraité et locataire d’un des nouveaux logements sociaux. Content de voir le quartier aller de l’avant, il envisage d’investir dans l’achat de son appartement.  

« Tout le monde voudra venir à Port-du-Rhin », conclut-il.

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Michel Makani vit depuis dix mois dans un nouveau logement social. Il paye 490 euros (+ 250 euros de charges) par mois pour 84 m2. Il envisage d’acheter. © Cédric Pueyo

 

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