Mardi 14 février, la candidate du Front national (FN) est venue chercher elle-même la promesse de parrainage du maire de Fort-Louis, une petite commune alsacienne. Il lui en reste une centaine à collecter.
Marine Le Pen est venue elle-même chercher sa signature auprès du maire de Fort-Louis, Gérard Janus. (Photo : ©Thomas Richard / Cuej)
"J’ai l’habitude de tenir ma parole, surtout aux jolies dames en ce jour de Saint-Valentin". Pour la fête des amoureux, le maire de Fort-Louis, commune de 300 habitants au nord de Strasbourg dans le Bas-Rhin, a déclaré sa flamme à Marine Le Pen. Gérard Janus, élus sans étiquette, avait lui-même invité la candidate du front national à venir chercher son parrainage.
Marine Le Pen n'a pas boudé son plaisir de s'offrir une opération de communication dans un petit village alsacien. Arrivée avec plus d’une heure de retard, elle est accueillie par quelques habitants, dépassés en nombre par les journalistes.
Un "soutien démocratique"
"Je trouve que c’est une bonne chose. On est en démocratie, elle représente 20 % de nos concitoyens et elle a le droit d’être candidate", estime Daniel Cousandier, membre du conseil municipal. La plupart des résidents du village semblent partager cette opinion, plus pour soutenir le maire que pour les idées de la candidate frontiste.
"Des pressions sur les élus ont été constatées par le Conseil d'état. Ces pressions participent à la dénaturation du processus de parrainage", affirme Marine Le Pen.
A la demande du FN, le Conseil constitutionnel doit étudier jeudi 16 février la question de la publication des parrainages. Cette loi de 1976 est considérée comme inconstitutionnelle par la candidate d'extrême-droite qui plaide pour l'anonymat des signatures d'élus. La désormais ex-candidate Christine Boutin et Corinne Lepage, candidate écologiste de Cap 21, se sont également associés à la requête du FN. Les Sages devront dire si l'obligation de rendre publics les noms de 500 élus signant pour un candidat est conforme, ou non, à la Constitution.
Car pour Marine Le Pen, cette obligation "est un souci majeur" responsable de ses difficultés à réunir tous ses parrainages. Quant à savoir si Gérard Janus est un maire courageux, la candidate réplique: "Ce qui est incroyable, c'est qu'il faille du courage pour faire un acte administratif." Pour elle, "ce n'est pas aux maires de décider qui doit être candidat. Ils sont là pour éviter qu'il y ait des candidatures fantaisistes."
Gérard Janus a apporté sa signature par "soutien démocratique". Il avait déjà apporté son paraphe au père, Jean-Marie Le Pen, en 2007. "Je n’ai pas peur de me montrer, je pense que les maires devraient avoir un peu plus de courage. Qu’ils prennent leurs responsabilités et assument leurs devoirs."
Le cap des 400 signatures atteint
Un message qui semble se propager puisque Marine Le Pen annonce sur le perron de la mairie qu'elle devrait franchir les 400 parrainages "dans quelques heures": "Il y a une accélération ces derniers jours, mais s’il n’y avait plus de problème, croyez bien que je le dirais car le rythme auquel les parrainage rentrent ne me permettent pas encore d'être assurée d'avoir les 500 signatures."
Dimanche, François Bayrou, candidat du Modem, proposait une concertation entre les grands partis, si Marine Le Pen n’arrivait pas à obtenir ses parrainages. A droite comme à gauche, les partis se sont farouchement opposés à cette idée.
Marine Le Pen devra donc se débrouiller seule. Son compte à rebours est lancé : avant le 16 mars, date butoir, il lui faudra prévoir trois déplacements par jour, si elle doit venir chercher elle-même les parrainage qui lui manquent.
Pour voir la vidéo de la venue de Marine Le Pen à Fort-Louis, cliquez sur ce lien.
Thomas Richard et Brice Lambert
(Crédit photo bandeau : ©Thomas Richard/Cuej)