20 mai 2021
Les eurodéputés ont validé la création d’un Fonds de Transition Juste. Premier outil du Green Deal, il permettra de soutenir les populations dont les emplois pourraient disparaître avec la transition écologique.
Le Fonds de Transition Juste va désormais voir le jour. Doté d’un budget de 17,5 milliards d’euros, il a été adopté par le Parlement européen à une large majorité des votes ce mardi 18 mai. Il s’agit du premier outil du Green Deal, le plan de transition écologique par lequel l’Union Européenne vise la neutralité carbone d’ici 2050.
Soutenir la transition écologique en compensant son coût social
« Ce Fonds de Transition Juste ne finance pas la transition en soi, mais ses conséquences socio-économiques », insiste l’eurodéputée portugaise Isabel Carvalhais (S&D, sociaux démocrates). En effet, la conversion de certains secteurs économiques à des énergies moins polluantes pourrait occasionner la disparition de nombreux emplois. D’après un rapport Eurofound, l’industrie minière verrait notamment son taux d’emploi chuter de 16,6 % en cas de réduction de 20 % des gaz à effet de serre à l’horizon 2030. « En Silésie, dans ma région, les enjeux sont énormes », a souligné l’eurodéputé polonais Jerzy Buzek (PPE, centre droit) durant le débat. « Il y a 31 mines. C'est pour ces personnes que le Fonds a été créé. Ils ne veulent pas vivre dans le brouillard, mais avoir un avenir pour eux et leurs enfants ». La Pologne est d’ailleurs le premier bénéficiaire du Fonds avec 20 % du budget, bien que ce pays ait été le seul à ne pas ratifier en 2019 l’objectif de neutralité carbone.
La Commission européenne a établi une liste de pays éligibles et identifié les régions prioritaires. Le critère principal : le nombre d’emplois menacés par leur dépendance à une activité polluante. En France, le Nord et les Bouches-du-Rhône sont concernés. Pour bénéficier du Fonds de Transition Juste, les Etats doivent soumettre des « plans territoriaux de transition » à la Commission. Ils devront présenter les projets censés diversifier l’économie locale, créer de nouveaux emplois ou encore former les travailleurs à de nouvelles compétences.
Une politique de transition écologique toujours en débat
Si le Fonds de Transition Juste a été adopté à une large majorité, des désaccords subsistent. Parmi les principaux points de crispation : le gaz naturel. Après négociations, cette énergie émettrice de méthane ne pourra pas être subventionnée par le fonds. Pour Manon Aubry (NGE/GUE, extrême gauche), cette décision « envoie un message très clair : on ne remplace pas une énergie polluante par une autre énergie polluante ». Mais les groupes politiques de droite estiment que substituer le gaz naturel aux combustibles fossiles est déjà un premier pas pour des pays très dépendants aux ressources comme le charbon. Subventionner cette conversion est une « question de solidarité » soutient ainsi l’eurodéputé Ondřej Knotek (Renew, libéraux).
Par ailleurs, de nombreux députés regrettent que le budget alloué au Fonds de Transition Juste ne soit pas plus important. Après la pandémie, la Commission avait proposé jusqu’à 40 milliards d’euros, mais c’est une enveloppe réduite de moitié qui est ressortie des négociations entre le Parlement et les Etats membres. En 2024, un examen de mi-parcours évaluera les retombées du fonds. Si les résultats s’avèrent positifs, le budget pourrait être augmenté.
Laura Remoué