20 mai 2021
Abordant une nouvelle fois la question des morts en Méditerranée, les eurodéputés ont dénoncé le manque de coordination des Etats membres en matière de sauvetage en mer des migrants.
« 677 morts. C'est le nombre de personnes qui ont péri cette année en Méditerranée. Combien de débats devons-nous encore réclamer au Parlement ? », s’indigne l'eurodéputée belge Bricmont Saskia (Verts/ALE, écologistes), ce mardi 18 mai, au Parlement européen, dans le cadre d’un échange sur les opérations de sauvetage des migrants.
Des actions européennes inefficaces
Printemps arabes, crise en Syrie, pauvreté. Depuis 2014, des centaines de milliers de réfugiés ont pris la mer, sur des petits canaux gonflables, pour fuir leur pays et atteindre l’Europe. Beaucoup y ont laissé la vie. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 20 000 personnes s’y seraient noyées, ces sept dernières années. Pour les eurodéputés, une meilleure coopération et plus de solidarité entre les Etats membres auraient pu empêcher de nombreux morts.
Face à l'afflux de migrants, les pays du Sud de l'Europe ont souvent dû faire des efforts financiers significatifs pour renforcer leurs capacités d'intervention et de sauvetage en mer. Pour les aider, la Commission a augmenté les moyens de l’agence Frontex, chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures à l’Union européenne. Mais, cela n'a pas suffit à faire décroître le nombre de morts en mer. L’agence est par ailleurs soupçonnée d’avoir refoulé des migrants avant de les renvoyer en Libye où un grand nombre d’entre eux risquent la torture et la mort en détention.
Une fracture entre les groupes politiques
Dès lors, comment mettre fin aux décès en mer ? D’un côté, la droite, l’extrême droite, le centre-droit et les libéraux proposent de prendre le problème à la racine et d’empêcher le départ des migrants de leur pays d’origine. L’eurodéputée belge Kanko Assita (ECR, conservateurs) affirme : « Attaquons les passeurs, concluons des accords avec nos partenaires, construisons de la stabilité où il y a de la guerre. » D’un autre côté, les groupes des sociaux-démocrates, des écologistes et de la gauche anti-libérale appellent à la création de voies de migrations légales afin de garantir une arrivée sûre des réfugiés en Europe. L’Autrichienne Vollath Bettina (S&D, sociaux-démocrates) ajoute que ces routes « pourraient rendre le travail des trafiquants superflu. »
Ces désaccords freinent les négociations entre le Parlement et les Etats membres sur le nouveau Pacte de migration et d’asile. Un texte, proposé par la Commission, en octobre dernier, qui appelle les Européens à faire preuve de plus de coopération et de solidarité.
Cindel Duquesnois