20 mai 2021
Le Parlement européen a affiché son soutien au développement d’une filière européenne de l’hydrogène. Une étape nécessaire, selon les eurodéputés, pour assurer la transition écologique du continent.
Ce 19 mai, les eurodéputés ont exprimé leur soutien à la stratégie de la Commission européenne en matière d’hydrogène. Présentée à l’été 2020, celle-ci prévoit trois phases de déploiement de ce gaz peu polluant en Europe entre 2020 et 2050 : d’abord une augmentation des capacités de sa production, puis le développement de son utilisation dans les systèmes énergétiques intégrés, et enfin son déploiement dans tous les secteurs à grande échelle.
« L’hydrogène, c’est le pétrole du futur ! » s'est enthousiasmé l’eurodéputé néerlandais Bart Groothuis (Renew, libéraux) lors du débat au Parlement européen. Pour lui, l'Union européenne doit investir vite et fort dans cette source d'énergie afin de tenir son objectif de neutralité carbone en 2050. Mais le Vieux Continent part de loin. L’hydrogène ne représente aujourd'hui que 2 % de son bouquet énergétique. Pour les eurodéputés, il faudrait atteindre au moins 20 % d’ici 30 ans et utiliser cette énergie massivement pour les transports et l’industrie. L’avantage de l’hydrogène est qu’il ne rejette que très peu de gaz à effet de serre lors de sa combustion et qu’il constitue un puissant vecteur énergétique.
Déployer une industrie européenneSi les eurodéputés soutiennent globalement les axes proposés par la Commission, ils invitent toutefois cette dernière à proposer, en collaboration avec les Etats, un véritable plan de formation pour disposer d’une main d’œuvre compétente. Ils l'encouragent également à préciser sa classification de l'hydrogène selon ses différents modes de production. On distingue en effet l'hydrogène « vert », produit à partir d’énergies renouvelables (principalement par électrolyse de l’eau), et l'hydrogène « bas carbone », produit quant à lui à partir d'énergies fossiles ou de nucléaire.
La majorité parlementaire souhaite parier sur le « vert », tout en maintenant des investissements dans le « bas carbone » durant une période de transition.
L’hydrogène « bas carbone » contesté
Une partie des eurodéputés s’est opposée à tout soutien à l’hydrogène « bas carbone ». Pour Manuel Bompard, eurodéputé français (GUE/NGL, gauche) : « Le seul hydrogène compatible avec la transition écologique et environnementale c’est l’hydrogène vert ». Pour de nombreuses ONG, la transition ne peut pas passer par un hydrogène carboné. Camille Maury, chargée de la décarbonisation industrielle chez WWF explique : « La plus grosse critique que l’on puisse faire c’est cette idée qui est toujours là, que les énergies fossiles vont nous aider dans notre transition ».
Lors du débat, la commissaire européenne à l’énergie, Kadri Simson, a assuré avoir pris bonne note des suggestions des eurodéputés et a réitéré son engagement à « faire de l’Europe un espace propre et chef de file des technologies propres ».
Pierre Frasiak