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La Turquie s'éloigne de l'adhésion


20 mai 2021

Les relations entre la Turquie et l’Union européenne sont tendues depuis plusieurs années. Cette semaine, les eurodéputés ont critiqué le recul de la démocratie et des libertés dans le pays. 

« Il faut que la Turquie retrouve le chemin de la démocratie ». L’eurodéputé espagnol Nacho Sánchez Amor (S&D, sociaux-démocrates) a donné le ton du débat sur les relations entre cet Etat et l’Union européenne qui s’est tenu mardi 18 mai à Bruxelles. Les eurodéputés ont pointé la « régression des libertés fondamentales et des droits de l’homme » qui éloigne de plus en plus le pays des objectifs d’adhésion.

La Turquie est candidate pour intégrer l'Union européenne depuis 1987. Les négociations, d’abord fructueuses, ont connu un premier coup d’arrêt au milieu de la décennie 2000, lorsque certains gouvernements européens ont commencé à se montrer hésitants sur l’opportunité d’un élargissement turc. Puis les relations se sont considérablement dégradées après la tentative de coup d’Etat en Turquie en 2016, qui a conduit à la dérive autoritaire du régime du président Recep Tayyip Erdogan. Les critiques du Parlement interviennent à un moment où les relations tendent à s'apaiser, notamment suite à la visite du président du Conseil, Charles Michel, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, le 6 avril dernier à Ankara. 

Divisions autour du processus d’adhésion 

Si tous les groupes politiques s'inquiètent du recul des libertés en Turquie, certains parlementaires veulent durcir le ton. L’eurodéputée allemande Öezlem Demirel (GUE/NGL, extrême-gauche) demande ainsi à ce que « les violations des droits de l’homme aient plus de conséquences ». L’eurodéputé français Arnaud Danjean (PPE, centre-droit) va encore plus loin en appelant à « mettre fin au mythe du processus d’adhésion ». 

Pour la majorité des eurodéputés, il n’est toutefois pas question d’arrêter les négociations : le processus se poursuit mais ils ont fait savoir qu’ils resteraient vigilants sur le dossier. « Avoir les Turcs sur la liste d’attente et engagés dans le processus d’adhésion permet de garder un instrument d’influence sur les positions internes de la Turquie, en usant tour à tour du bâton et de la carotte » estime ainsi l’eurodéputé polonais Witold Jan Waszczykowski (ECR, conservateurs), en accord avec la stratégie jusqu'ici privilégiée par la Commission européenne.

Séverine Floch

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