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Une nouvelle politique industrielle pour renforcer la souveraineté


20 mai 2021

La crise sanitaire a révélé les fragilités industrielles de l'Europe. La Commission européenne s’engage à y remédier en renforçant la souveraineté économique du continent.

« Nous avons mis à jour la stratégie industrielle en tirant des leçons de la pandémie » a déclaré Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne, face aux eurodéputés le mardi 18 mai. Le programme qu'elle est venue présenter au Parlement européen est une version amendée d'une première proposition de mars 2020. Les députés avaient alors demandé à la commissaire de revoir sa copie. La hausse mondiale de la demande de certains produits (masques chirurgicaux, médicaments, respirateurs d’oxygénothérapie…) avait alors provoqué des pénuries sur le continent, mettant en évidence sa dépendance aux importations étrangères.

Relocaliser l’industrie européenne

Margrethe Vestager a admis que l’Union européenne était toujours tributaire des importations de 137 produits indispensables, dont 34 dans le domaine de la santé. Pour y remédier elle a promis des investissements supplémentaires, notamment dans les secteurs pharmaceutiques et sidérurgiques. En outre, la Commission souhaite mieux lutter contre la concurrence déloyale des pays tiers qui subventionnent excessivement leur exportation, en contradiction avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Dans le but de débusquer les tricheurs, elle annonce vouloir lancer des enquêtes pour retraçer le financement des exportations étrangères.

Les mesures protectionnistes divisent

Pour l’eurodéputé français Manuel Bompard, (GUE/NGL, la gauche), mener des enquêtes n’est pas suffisant. Il est nécessaire de rétablir des droits de douane à l’entrée de l’Union européenne : « Il faut plutôt des formes de protectionnisme, pour prioriser les productions européennes. » À l’inverse, pour l’eurodéputé français Jean-Christophe Grudler, (Renew, libéraux) : « Il faut éviter d’incarner une Europe naïve, sans pour autant mettre en place des normes protectrices. Ce sont les exportations qui font la richesse de l’Union européenne. »

Si les nouvelles propositions de la Commission en matière industrielle ont globalement été saluées par les députés, certains ont néanmoins regretté que le projet manque d’ambition et demeure trop flou sur son application concrète. La version finale de la nouvelle stratégie industrielle européenne devra être soumise pour accord au Parlement et aux Etats membres avant 2022.

Laure Solé

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