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Plan de relance européen : qui paiera la note ?


11 mai 2023

En 2020, l’Union européenne a débloqué 750 milliards d’euros pour relancer l'économie de la zone euro suite à la pandémie. Trois ans plus tard, l’inflation a fait grimper les taux d’emprunt et menace le remboursement du prêt. 
 

750 milliards d’euros : c’est la plus grosse somme jamais débloquée par l’Union européenne. À la sortie de la pandémie de Covid-19, les 27 États membres mettent en place ce plan de relance extraordinaire. L’objectif ? Tenir hors de l’eau l’économie de la zone européenne et accélérer sa transition verte. Trois ans après, la situation financière est urgente et les fonds manquent. 

L’heure est aujourd’hui au remboursement des intérêts de la dette générée par le plan de relance. Ses taux ont triplé en trois ans (passés de 1,15 % à 3,5 %). En cause : la guerre en Ukraine et une inflation inédite. Résultat ? Le budget 2024 est très serré, ce qui pourrait menacer le financement de programmes européens phares. 

Valérie Hayer (Renew, libéraux) alerte sur une possible « coupe dans les programmes comme la PAC (Politique agricole commune) et Erasmus ». D’autant plus qu'à partir de 2028, l’Union européenne devra non seulement payer les intérêts, mais aussi la dette en elle-même, soit 15 à 20 milliards d'euros de plus par an. 

Recherche fonds désespérément 

La solution des eurodéputés : mettre sur le devant de la scène européenne des sources de financement pour régler les intérêts de la dette, sans surcharger le budget. Le Parlement cherche à faire pression sur la Commission européenne pour trouver de nouvelles « ressources propres ».

L'Europe est à la recherche de nouveau fonds pour financer la charge de la dette de 15 milliards d'euros, générée par le plan de relance. © Rémi Casalis 

Derrière ces mots se cachent la possibilité pour l’Union européenne de lever directement des fonds pour financer ses dépenses, sans passer par le porte-monnaie national des États membres. Il en existe déjà, à l’instar des droits de douanes aux frontières européennes et la TVA européenne. 

À l’exception de l’extrême droite, les eurodéputés sont unanimes : « la dette européenne d’aujourd’hui ne doit pas devenir l’impôt des Européens de demain », résume Stéphane Séjourné, président du groupe Renew (libéraux). Leurs solutions ? Taxer les importations, taxer la finance, mais pas les citoyens. 

De nouvelles ressources propres

Pour Valérie Hayer (Renew, libéraux), il faut « faire preuve d’audace ». Les eurodéputés proposent un « mécanisme d’ajustement équitable aux frontières ». Le but : taxer plus fortement les produits importés, fabriqués dans les pays hors de l’UE et qui ne respectent pas la législation européenne en matière de droit du travail. 

Ils poussent aussi pour « une fiscalité européenne sur les plus riches ». Le groupe écologiste a notamment inclus une taxe sur le rachat d’actions et les transactions financières, dont les crypto-monnaies. L’eurodéputé David Cormand (Les Verts, écologistes) se satisfait de ces taxes orientées vers les multinationales : « Il faut que l’Union européenne se finance à travers ceux qui cherchent à échapper à l’impôt. » 

Reste à voir si ces propositions parlementaires satisferont les autres instances européennes. La balle est maintenant dans le camp de la Commission.

Azilis Briend, Rémi Casalis, Robin Schmidt

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