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Familles rurales veut casser l'isolement des seniors

22 septembre 2014

Vendredi, l'association Familles rurales a ouvert pour la première fois son local aux personnes âgées de la cité Westhoffen. Un après-midi d'activités libres qui a vocation à devenir hebdomadaire.

Au fond d'un petit préfabriqué de la cité Westhoffen (Montagne Verte), dans la cuisine de l'association Familles rurales, Manfred, Monique et Christine sont en pleine partie de cartes. Autour d'un café ou d'une tisane, les discussions vont bon train. C'était la première fois, vendredi, que la structure, implantée dans le quartier depuis 1994, ouvrait ses portes aux seniors pour un après-midi d'activités libres. Une nouvelle étape dans son action en faveur des seniors. Depuis juillet 2011, des animations sont déjà organisées chaque lundi : jeux, visites, « gym douce », ateliers mémoire, rencontres sur le thème de la santé, documentaires...

Ces actions en direction des personnes âgées ont pour but de casser l'isolement qui, peu à peu, s'est installé dans l'ancienne cité ouvrière. Les enfants sont partis, de nouveaux voisins d'une autre génération, d'autres cultures sont arrivés. Les commerces de proximité ont fermé les uns après les autres.

Monique Criqui, 75 ans, est arrivée dans le quartier en 1962. Il y a un an, elle a déménagé mais revient toutes les semaines. Elle ne rate jamais un rendez-vous de l'association. Tout est noté dans son petit carnet bleu qu'elle brandit fièrement. Et de préciser : « Il faut que je marque pour tout le monde ! Manfred, il ne note rien. Heureusement que je suis là. »

Avant de prendre sa retraite, Monique travaillait comme aide-soignante. Elle avait peu d'amis dans le quartier. « Je travaillais tout le temps, confie-t-elle. Il y a beaucoup de gens que je connaissais de vue mais pas de nom. Je savais à peu près dans quel bâtiment ils habitaient, mais c'est tout. » Après la mort de son mari en 1986 et le depart de son fils deux ans plus tard, Monique aurait pu rester dans son coin. Mais elle décide de ne pas se laisser abattre, de sortir danser, de partir en voyage. Aujourd'hui, Familles rurales l'aide à maintenir ses liens d'amitié avec les habitants et à faire de nouvelles rencontres : « Ce local est un coin où on peut se réfugier de temps en temps pour voir les autres gens. »

Une association qui s'adapte à l'évolution du quartier

Familles rurales a vu le jour il y a plus de 65 ans. Comme son nom l'indique, la structure est présente, en grande partie, dans la campagne. Mais son champ d'action s'est étendu aux zones périurbaines. Le local de la Montagne Verte est le seul de Strasbourg. A la base, les bénévoles n'ont pas vocation à s'occuper des personnes âgées. L'association vient en aide aux habitants pour des démarches administratives (travail d'écrivain public), la lutte contre le surendettement ; dispense des conseils conjugaux, soutient les jeunes mères dans l'éducation de leurs enfants.

 

Mais les seniors du quartier sont venus d'eux-mêmes vers Familles rurales. « Ils étaient curieux de savoir ce qu'on faisait, explique Josy Cailler, présidente de l'association. Au départ ils venaient juste parler quelques instants, puis ils prenaient le café... ». Au fur et à mesure, le local est devenu un lieu pour se retrouver, tisser à nouveau le lien social. En 2013, les anciens ont même commencé à écrire leurs mémoires et celles du quartier et se sont donnés un nom : « Les hirondelles de la Montagne Verte ».

 

Si Familles rurale a permis de recréer du lien entre ces personnes âgées, elle n'a jusqu'alors pas réussit à faire le lien avec les autres communautés de Westoffen. « On a déjà pris contact avec l'association musulmane du quartier. On avait prévu de faire un grand couscous. Mais finalement, c'est resté lettre morte. » Depuis septembre, un samedi par mois, des groupes de paroles et d'échange autour de la parentalité sont mis en place. Josy espère briser les communautarismes. La première réunion, qui a eu lieu le 13 septembre, n'a pas fonctionné. Personne ne s'est déplacé. Un échec que la présidente espère bien surmonter. Prochaine tentative samedi 18 octobre.

 

Gabriel Pornet

Hélène Deplanque

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