Une semaine après le début de l'examen du texte sur le mariage pour tous, la pièce qui se joue à l'Assemblée nationale apporte chaque jour ses rebondissements.
Lundi soir, ce sont les propos du député UMP de l’Hérault, Elie Aboud, qui ont déclenché une vive passe d'armes avec la ministre de la Justice Christiane Taubira. Le député a évoqué l'avertissement "d'un pédopsychiatre reconnu (...) qui alerte toute la société et ce n'est pas du triangle rose qu'il parle mais d'un triangle noir. Avec inscription SOS Danger". Une allusion aux symboles utilisés par les nazis pour désigner les homosexuels (triangle rose) et les personnes dites socialement inadaptées (triangle noir).
La ministre de la Justice, Christiane Taubira a jugé "inqualifiable de faire un mot d'esprit sur une expression pareille", déclenchant les protestations sur les bancs de l'opposition. "Vous êtes indigne des responsabilités que vous exercez!", a alors lancé le chef de file des députés UMP, Christian Jacob.
"le temps du triangle rose est terminé"
Après une brève suspension de séance, Christian Jacob a souhaité "un mot d'apaisement de la ministre" et martelé que "la référence choquante au triangle rose a été faite par un député de votre groupe", en référence aux propos tenus par le député socialiste Christian Assaf, "le temps du triangle rose est terminé !", la semaine dernière.
Mais la ministre lui a opposé une fin de non-recevoir sur ce point. "Vous nous donnez des leçons de vocabulaire! (…) Et vous voulez de moi des mots d'apaisement ? C'est juste une alerte pour vous dire que vous ne pouvez pas tout vous permettre dans l'hémicycle."
L'autre point d'échauffement de la séance concernait le remplacement des mots "père" et "mère" par le terme "parents" dans le code civil. Pour les députés de l'opposition, le gouvernement veut faire disparaître toutes références à la cellule familiale traditionnelle.
Réduction de la durée de la discussion générale
Tout le long de la soirée, l'UMP a continué à ferrailler contre le texte, à coups notamment d'amendements identiques visant à supprimer plusieurs dispositions.
"Un tour de passe-passe mettant 170 fois à la trappe les termes père et mère qui transforme profondément le droit de la famille et de la filiation", a dénoncé l'un des principaux orateurs de l'UMP, Philippe Gosselin.
Pour écourter des débats qui à ses yeux tournaient en rond, la gauche a voté à plusieurs reprises une disposition pour réduire la durée de la discussion générale sur chaque article, ce que la droite a dénoncé.
Pourtant dans les faits, l'article 4 du projet de loi sur le mariage homosexuel référence seulement sept articles du code civil, où les termes "pères" et "mère" seront remplacés par "parents".
Les discussions se sont prolongées jusqu'à une heure du matin. Les députés se retrouveront mardi à 15h, après la séance de question au gouvernement, qui s'annonce d'ores et déjà agitée.
Geoffrey Livolsi
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