Anne-Pernelle Richardot (PS) est une fer de lance du non au référendum tandis que Jacques Fernique (EELV) défend depuis des années le projet de fusion des trois collectivités. Photo: Adriane Carroger/CUEJ
J-11 avant le référendum portant sur la future collectivité territoriale d'Alsace (CTA). L'information devrait être parvenue dans tous les foyers et chacun devrait avoir arrêté plus ou moins sa position. Or, en dépit de plusieurs dizaines de réunions publiques organisées aux quatre coins du territoire par les partisans et les opposants au projet, et le lancement officiel de la campagne le lundi 25 mars, ce référendum n'intéresse pas les foules. Et au premier rang desquelles, les jeunes. Ils ont déserté les réunions publiques et n'ont pas beaucoup tracté aux côtés de leurs aînés. Ce qui a interpellé nombre d'électeurs venus écouter les discours pro CTA: "Je m'attendais à ce qu'il y ait plus d'hétérogénité dans l'assemblée", déclare ce retraité de l'éducation nationale en marge d'une réunion animée par le président de la région, Philippe Richert. Ce soir-là, à la maison des associations de Strasbourg, l'auditoire était composé essentiellement d'hommes d'âge mûr et de retraités. A Colmar, où plus de 600 personnes ont déclaré présent pour la première réunion de lancement du oui à la CTA, le 4 mars, on comptait les jeunes sur les doigts de la main. En dehors des jeunes militants UMP et UDI.
Les étudiants de Sciences po ont décidé d'intéresser les jeunes à la proposition de fusionner les deux conseils généraux et le conseil régional en une seule entité. A l'Institut d'études politiques de Strasbourg, l'association Strasbourg 2.0 a organisé un débat contradictoire entre Anne-Pernelle Richardot (PS), fer de lance du non à la CTA et Jacques Fernique (EELV) favorable au projet. Ces deux là se connaissent bien car ils se côtoient au conseil régional où il sont tous les deux élus. Pendant 1h15, ils ont développé leurs arguments devant un public d'une soixantaine de personnes.
Comment expliquer ce désintérêt des jeunes pour le référendum ? Les étudiants intérrogés présents à Sciences Po avancent deux explications: un manque d'informations à si brève échéance et des discussions faussées par une "propagande ouiste" qui ne laisse pas réellement de place au débat.
Marie, étudiante en 1ère année à Sciences Po, se déclare favorable au projet. Même "si j'ai un peu l'impression de signer un chèque en blanc, j'ai envie d'encourager le changement et veux croire que c'est possible de faire une collectivité plus cohérente et plus efficace." Ce qui pêche, c'est la communication.
Une opinion partagée par Mélis, étudiante en droit en master 2. Elle a participé à plusieurs réunions publiques en présence du président de la Région, Philippe Richert ou du président du conseil général du Bas-Rhin Guy-Dominique Kennel. Devant un public "pas vraiment averti et conquis d'avance", les porteurs du projet ne cherchent pas à "créer du dialogue avec l'auditoire".
D'où l'angoisse des partisans du projet. "Le oui passera largement", fanfaronnait il y a encore peu Philippe Richert. Mais sa crainte et celle de son entourage, c'est l'abstention. Les règles du référendum sont claires: il faut que le oui atteigne le seuil de 25% des inscrits. Et ce n'est pas gagné. Hervé, étudiant en 1ère année d'Histoire témoigne: "Il y a plein de gens qui ne savent même pas qu'il ya un référendum de prévu le 7 avril..." C'est surtout la participation des haut-rhinois qui inquiète. Robert, la soixantaine, présent le 4 mars à Colmar et pro CTA, explique que "les électeurs colmariens ont peur du centralisme strasbourgeois". Les partisans du oui ont encore 37 réunions devant eux pour mobiliser les électeurs.
Adriane Carroger