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Rafa, 23 ans, apprentie dans un atelier d’artistes, le pratique aussi. Engagée depuis son jeune âge, la sculptrice est convaincue de l’efficacité politique du boycott : elle en a été témoin. En effet,  un autre lieu de fête strasbourgeois, le Molodoi, s’était retrouvé en octobre 2021 sur la sellette. Deux personnes avaient pointé du doigt sur Instagram, l’inaction de l’établissement face à des comportements racistes à leur égard, au cours de l’une de leurs soirées. Rafa avait participé à l’époque à l’appel au boycott qui avait suivi sur les réseaux sociaux. L’établissement s’était excusé et avait adopté plusieurs outils pour lutter contre les violences racistes, dont la mise en place d’une « safe team » dans les soirées. « Notre pouvoir, c’est notre pouvoir d’achat, affirme Rafa. Les gérants ont réagi très vite car ces lieux tiennent à leur image. »

DJ dans un collectif de musique électronique à Strasbourg, Igor ne dit pas autre chose : « Il nous est déjà arrivé de refuser de jouer dans des lieux pour ne pas soutenir et être affilié à ses gérants ». Les raisons sont diverses : violences sexuelles, soutien ou non à une cause politique, conditions de travail non respectées… « Je ne veux pas enrichir des personnes qui ne l’ont pas mérité, dit-il. Le boycott, c’est la seule arme du public. Les autorités compétentes devraient intervenir, mais en l’absence de réaction de leur part, c’est un bon moyen d’agir. »

 « Je ne veux pas enrichir des personnes qui ne l’ont pas mérité »

Pour Victor, 28 ans, passionné de musique électronique et habitué de la scène strasbourgeoise depuis dix ans, le boycott est une évidence : « Quand j’ai entendu que le patron d’un établissement à Strasbourg recrutait des femmes sur le physique et était misogyne et violent, je me suis dit que je n’irais plus. » Pour le jeune homme, « c’est un très bon outil de lutte ». « L’union fait la force et ça a un impact économique réel sur ces lieux », veut-il croire 

« L’union fait la force »

Le soir, à la sortie des bars strasbourgeois, un sujet revient sur la table : « Où est-ce qu'on sort ensuite ? ». Question anodine aux premiers abords, mais depuis quelque temps, pas si évidente pour tout le monde. Dans le monde de la nuit à Strasbourg, de plus en plus de gens, de collectifs ou d’associations appellent au boycott quand un lieu ne respecte pas ses usagers, véhiculent des valeurs qu’ils désavouent, ou quand un patron d’établissement est incriminé. 

Mardi 17 septembre, une enquête du média Rue89 Strasbourg revient sur les accusations qui touchent le gérant du Wagon Souk, lieu solidaire programmant des événements culturels dans la ville. Discrimination, abus de faiblesse, détournement de fonds… La liste des griefs serait longue (sollicité par la rédaction Webex à ce sujet, il n’a pas donné suite). De quoi pousser des citoyens, des militants ou des collectifs, comme diaspora.sxb, mouvement « antiraciste décolonial et queer », à appeler depuis le 27 août, à un boycott de l’établissement sur Instagram.

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