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Le pantobarbital est interdit en France mais utilisé dans d'autres pays pour mourir sans souffrance. © Pixabay

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Zucman, l’homme qui fait trembler les ultrariches

16 septembre 2025

Zucman, l’homme qui fait trembler les ultrariches

La taxe Zucman est au cœur des débats autour du budget 2026, mais qui est réellement l'économiste à l’origine de ce projet ?

Découvrez qui se cache derrière la taxe Zucman qui promet de taxer les plus grandes fortunes françaises. © World Economic

Volker Türk est haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme depuis le 17 octobre 2022. ©  Plamen Stoimenov

18h35 Ce direct est finit, merci de l'avoir suivi ! 

« C’est une folie », s’est emporté Michel Picon, le patron de l’Union des entreprises de proximité à propos de la taxe Zucman. Dans la matinée du mardi 16 septembre, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a affirmé à l’AFP : « Il n'y a jamais d'impôt indolore, ni d'impôt magique qui rapporterait énormément en France alors qu'il ne s'applique pas chez nos concurrents ». Qualifiée de « piège mortel» par Philippe Corrot, fondateur de Mirakl, une start-up française valorisée à plus d’un milliard d’euros, dans Les Échos, cette taxe est loin de faire l’unanimité dans le paysage politique français. Alors que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu dit vouloir travailler sur la justice fiscale, cette mesure refait surface dans les discussions autour du budget 2026. Déjà adoptée par l’Assemblée nationale en janvier, avant d’être rejetée par le Sénat en février, elle prévoit de taxer à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, soit environ 1 800 foyers fiscaux en France. La taxe Zucman illustre l’un des nombreux points de désaccord entre la gauche et la droite, sur lesquels Sébastien Lecornu devra trancher pour faire passer son budget. Mais alors qui est Gabriel Zucman, l’homme à l’origine de ce projet ? 

La crise des subprimes comme « crise de conscience »

En 2008, à la fin de ses études d’économie à l’Ecole Normale Supérieure, il débute son stage dans une société de courtage, le jour même de la faillite de Lehman Brothers, une des plus grandes banques d'investissement américaine. La crise des subprimes éclate, révélant au jeune économiste les failles d’un système : « Cette prise de conscience du volume des actifs offshore et de l’ampleur de l’évasion fiscale m’a radicalisé », confie-t-il à Finance & Développement. Il reprend alors ses études et rédige sa thèse, Trois essais sur la répartition mondiale des fortunes, sous l’égide Thomas Piketty, un économiste français incontournable et mondialement reconnu sur la question des inégalités économiques, qui deviendra son mentor et plus tard un collègue. 

Gabriel Zucman enseigne aujourd’hui à l’université de Berkeley près de San Francisco en Californie, et à la Paris School of Economics. Son combat reste le même depuis son doctorat : la justice fiscale. « J’ai été confronté à San Francisco au fossé délirant qui sépare les milliardaires de la tech des milliers de sans-abris », développe-t-il dans un entretien au Nouvel Obs. À seulement 38 ans, il est déjà considéré par ses pairs comme l’un des économistes les plus prometteurs de sa génération, ses soutiens y verraient même un futur prix Nobel d’économie. 

Ancien conseiller de Bernie Sanders 

Spécialiste de l’évasion fiscale et des inégalités de patrimoine, Gabriel Zucman conseille en 2020 deux figures de la gauche américaine, Elizabeth Warren et Bernie Sanders, alors candidats aux primaires démocrates pour la présidentielle. Ses travaux sont également au cœur des débats du G20 autour d’une taxe mondiale des ultra-riches, pensée pour limiter l'intérêt de l’exil fiscal. Elle n’a finalement jamais abouti. Aux côtés de Thomas Piketty et d’Emmanuel Saez, autre grande figure de l’étude des inégalités en économie, il développe de nouvelles bases de données pour suivre l’évolution des grandes fortunes. 

Habitué à vulgariser des sujets économiques complexes, il parle de l’évasion fiscale comme d’une fuite d’eau qu’il tenterait de limiter. Sur France Info, il affirme vouloir agir comme « un plombier de la justice sociale». « J’ai voulu formuler une proposition crédible et opérationnelle pour répondre à la hauteur du défi des inégalités, si possible partout dans le monde », déclare l’économiste au sujet de son projet de taxation des plus riches. Décrit comme humble et discret par ses collaborateurs, il l’est tout autant quand il s’agit de sa vie privée. Aîné d’une fratrie de trois, il a grandi à Paris dans un milieu aisé, avec un père infectiologue et une mère immunologue. Un de ses frères confie au Nouvel Obs avoir eu « une famille ordinaire, animée par des idées de gauche mais sans jamais être militante ». 

Désormais, Gabriel Zucman s’affaire à défendre ses travaux dans les médias et auprès des responsables politiques. En moyenne, les Français paient environ 52 % de leurs revenus en impôts et cotisations. Pour les milliardaires, ce taux descend à peine à 26 %, selon des chiffres de l’INSEE. Invité du 20h de France 2, Gabriel Zucman soutient sa position : « La taxation des grandes fortunes constitue à la fois un instrument de stabilité budgétaire et un outil de justice. » Vivement soutenu par la gauche, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) dénonçait sur France Info une politique fiscale qui « épargnait les ultras riches». Le chef de file du PS dit « prêt à réaliser 100 milliards d'économies si vous les prenez sur des gens qui peuvent le supporter». 

Maud Karst

Édité par Quentin Baraja

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