Mon fils, ma cavale
L’audience s’attarde par contre sur cette cavale de sept mois, racontée par le prévenu comme si elle avait duré une semaine. « J’ai pu faire un bisou à mes enfants, travailler dans un village vacances à Obernai, et revenir me rendre à la police en septembre pour demander de l’aide », détaille-t-il. Pas convaincu, le président le recadre : « Le meilleur moyen d’être un bon père reste encore d’arrêter de commettre des infractions ». Il poursuit en le sermonnant qu’il « ne faut pas boire comme ça quand on a quatre enfants ». La procureure requiert du ferme, et son avocat plaide une peine aménagée, un peu déboussolé d’être plus modéré que son client. Pas de quoi faire paniquer Julien R., qui tient à l’affirmer pour son dernier mot : « Je suis parano et pressé d’aller en prison pour me soigner ».
Après délibération, il retourne en détention pour cinq mois ferme avec mandat de dépôt. Julien R. semble partir serein sur son chemin de guérison, et souhaite bonne journée au tribunal en quittant la salle. Une fois le box vide, la défense laisse échapper un commentaire : « On a parfois des clients bizarres… »
Arthur Besnard
Edité par Esther Dabert
Ébouriffé et tatoué d’un pistolet sur le cou, Julien R. s’agite un peu derrière la vitre de son box en écoutant la liste de son casier judiciaire. Le quarantenaire a enchaîné les condamnations pour vol, escroquerie, violences sur conjoint, conduite sous stupéfiants, ou encore appels malveillants. Mais tout ça, la boisson lui a fait oublier : « Pour la plupart, j’avais 18 ans, j’ai même été testé à 4,8 g, l’alcool ça fait des dégâts », balbutie-t-il. Alcoolique assumé de longue date, il assure ne pas avoir eu accès à une cure en hôpital, faute de domicile fixe. Quand il est fait mention de ses quatre enfants, il attrape le mouchoir que lui tend le policier à sa droite et laisse échapper un sanglot.
« Il faut me comprendre »
Julien R. évoque son passage en placement extérieur. Un hôtel F1 géré où il a été envoyé pour soigner son addiction une fois condamné. Transféré en prison pour mauvais comportement, il tente de se justifier : « Il faut me comprendre, je venais de perdre mon père et je ne voyais plus mes enfants ». Inondant le juge d’explications, il estime qu’il n’aurait jamais pu s’y soigner : « Tout le monde boit là-bas, je préfère encore la prison ! ».
En détention, il tente de se sevrer, dans une cellule où il n’avait « même pas une cigarette par jour ». Mais voilà qu’en mars 2025, il décide de s’évader « pour profiter de (ses) enfants ». Dans des explications interminables, il raconte s’être fait repérer par des contrôleurs dans le tram, et être revenu aussi pour aider son fils, qu’il dit impliqué dans « des problèmes avec un tchétchène ». Là, les versions du président et du prévenu divergent dans un échange tendu et incohérent, le magistrat estimant que « monsieur R. vit dans un autre monde ». Agacé, le juge coupe court et rien de plus n’est dit sur l’évasion ou l’incarcération.
Jeudi 18 septembre au palais de justice de Strasbourg, Julien R. a été condamné à cinq mois ferme pour s’être évadé de prison depuis mars dernier.
Plusieurs alertes du ministère
La note de l'Intérieur insiste également sur « les risques d'importation sur le territoire national d'un conflit international en cours » ainsi que « sur les troubles graves à l'ordre public identifiés localement », précise l’AFP.
« Il vous convient donc », détaille le télégramme, « de demander aux maires qui procéderaient à un tel pavoisement de leurs bâtiments publics de le faire cesser et, en cas de refus ou de non-exécution, de déférer à la juridiction administrative » la décision des édiles qui maintiendraient des drapeaux étrangers sur des édifices publics.
Hisser un drapeau palestinien sur les façades des mairies et autres édifices publics. C’est le geste de soutien prévu dans plusieurs villes du pays lundi 22 septembre, jour de reconnaissance d’un État de Palestine par la France. Un projet auquel le ministère de l’Intérieur a demandé aux préfets de s’opposer dans un télégramme consulté vendredi par l'Agence France-Presse (AFP).
« Le principe de neutralité du service public interdit de tels pavoisements », indique la place Beauvau, demandant aux préfets de saisir la justice administrative contre les décisions des maires qui ne renonceraient pas à pavoiser leur hôtel de ville aux couleurs palestiniennes.
Une initiative de la gauche
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure avait appelé « à faire flotter » le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un État palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron.
Cette date correspond aussi cette année à Roch Hachana, le Nouvel an juif.
Les maires des villes de Nantes et de Saint-Denis, notamment, ont déjà annoncé vouloir afficher le drapeau palestinien sur leur fronton. Or, selon le télégramme signé par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur Hugues Moutouh, « un tel pavoisement constitue une prise de parti dans un conflit international » et « une ingérence contraire à la loi ».