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L'intersyndicale était en tête du cortège. © Titouan Catel--Daronnat

Masques sur le visage, les policiers quadrillent le quartier de la Krutenau. © Mahault de Fontainieu

« Je n’ai jamais eu autant de cas de mal-être qu’aujourd’hui »

Estelle Scheel, directrice de la résidence Gallia, a repondu aux trois questions de Camille Carvalho pour cuej.info.

Après une journée de mobilisation, est venu le temps des réunions et du dialogue entre syndicats. Résultat : l’intersyndicale laisse jusqu’au mercredi 24 septembre à Sébastien Lecornu pour répondre aux revendications.

Depuis quand organisez-vous cette semaine d’intégration dans les résidences ?

C’est la troisième année. Avant, on faisait simplement un pot d’accueil. Mais on s’est rendu compte que ce n'était pas suffisant. Là, ça permet à chacun de se retrouver dans différentes activités. Et nous, on peut voir ce qui plaît et ce qu’on peut refaire dans l’année. En plus, on finit par une grosse soirée inter résidences : cette année, marathon de danse à la salle de spectacle de La Pokop à partir de 18h30 ce vendredi. 

Quel rôle joue l’équipe du Crous au quotidien auprès des étudiants ?

On essaye de faire savoir qu’on est présent pour eux. Ils savent que mon bureau est grand ouvert. Même si on n’a pas une solution à tout, on est là pour discuter et c’est souvent ce dont ils ont besoin. Egalement, on a une étudiante relai qui vient faire du porte-à-porte auprès des étudiant. Cela permet de faire le lien entre les résidents et l’administration. 

En quoi des ateliers comme la sophrologie et la luminothérapie peuvent-ils aider ?

Je n’ai jamais eu autant de cas de mal-être qu’aujourd’hui. Quand j’ai commencé en 2011, c’était assez rare, maintenant c’est constant. Ces ateliers, c’est surtout de la prévention : ça leur donne des outils pour gérer le stress et découvrir autre chose. Et souvent, ça leur fait juste du bien de voir qu’ils ne sont pas seuls. 

Nous ne sommes plus que des souris, qui se chapardent dans les ruelles de la Krutenau. Le quartier de la vie estudiantine est devenu le terrain de jeu du chat, épaulé de toute sa hauteur par son drone. « Aujourd'hui, se passer de drones, c'est comme se passer de la vue », avait déclaré le sous-directeur de l’emploi des forces de la gendarmerie. Ils voient tout. Ici-bas, tout est désordre. 

Rattrapé par la nuée, il escalade apeuré comme un lapin la barrière d’un jardin. Treize ans seulement, premier gazage. « Oh les fils de pute, je vais les niquer. » Le petit chenapan, a voulu faire comme les grands. De son école buissonnière, il a appris la répression policière. Bon baptême du feu. 

Troisième acte. Fin.

Quatre dispersions sont venues à bout des groupes mobiles. La partie est finie. Les noirs battent en retraite. Cinq à zéro pour les Bleus. Motif d’interpellation : refus de dispersion, dissimulation de visage, jet d'œuf, possession d'une barre de fer et de deux broyeurs à cannabis… Mais le dénouement ne marque pas la fin de la pièce. Prochain acte, le 24 septembre. 

Mahault de Fontainieu et William Jean

Edité par Zoé Fraslin

Nouvel acte. Rue du Maréchal Juin, les figurants laissent place.  Bleus et noirs se font face à face. « Grève, blocage, manif sauvage. » Côté police, on ronge son frein. La Légion, adossée à quatre camions de police — première cellule des futur·e·s interpellé·e·s — n’attend que d’être lancée. Ici, plus de manifestation déclarée, c’est de la « violence urbaine » à leurs yeux. Pas de son de cor mais un mégaphone robotique qui scande : «  Vous faites partie d’un rassemblement illégal ».

Première scène, première sommation

Fumée, brûlure, toux. Merde. Inhalation, respirer, c’est suffoquer. Sous ce grand soleil, le brouillard se lève. Ceux auprès desquels nous marchions sont devenus des ombres. Ils ne sont que des directives pour fuir. Derrière nous, les colosses bleus aux boucliers rayés écoutent. La lacrymo, solution de dispersion, solution de soumission. 

Au travers de ce rideau de particules, elle apparaît. Son keffieh sur les épaules, elle hurlait quelques minutes plus tôt face aux boucliers sans visage. Le nez retroussé, la bouche déformée par la lutte contre ce système qui selon elle  l'étrangle et lui creuse les yeux. Chose faite. Son visage juvénile est strié de larmes noircies par son eye-liner coulant.

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Deuxième scène. Dispersion, course, charge, prise

La Légion ne saute plus comme à son habitude. « Bond offensif », aime-t-elle à dire dans son langage codifié. Feinte pour effrayer les récalcitrants. Ici, elle est revenue à sa forme la plus musclée. La prise de terrain, pas de retour en arrière. Nous courrons, ils poursuivent, les fourgons talonnent. « Tout paraît simple, mais le plus simple est compliqué. » D’accord, Clausewitz. Courir, c’est simple, mais sous gaz beaucoup moins. 

Allongés sur un canapé, lunettes sur le nez, Nouria et son ami Ludwig profitent de 15 minutes de luminothérapie avant de réviser. © Camille Carvalho

Camille Carvalho

Édité par Pierrot Destrez

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