15 octobre 2012
En marge du Forum mondial de la démocratie, Strasbourg accueille, du 6 au 19 octobre, la quatrième édition du Festival international du film des droits de l'Homme. A cette occasion, quatre jeunes de 13 à 18 ans tournent un documentaire sur les coulisses du Festival. Pour la première fois, ils se retrouvent derrière la caméra.
Safia ne se montre pas très enthousiaste à l'idée de regarder Récits de Fukushima, le film de Alain de Halleux sur la catastrophe japonaise diffusé le 9 octobre au centre socio-culturel du Neufeld. « Il va y avoir des sous-titres... » Le documentaire est un genre que cette lycéenne de 17 ans et ses camarades connaissent mal. Quand on leur demande s'ils ont l'habitude d'en visionner, Safia, l'air grave, répond «Oui» et Léa s''esclaffe devant le mensonge éhonté de sa copine d'enfance. Celle-ci répond, piquée au vif: «Si, j'en regarde des documentaires. Sur les mayas 2012, la fin du monde! »
Et c'est justement pour se familiariser avec ce genre tout à fait inconnu que Safia, Flora, Léa et Justin se plongent pendant deux semaines dans le bain du documentaire à l'occasion du Festival international du film des droits de l'Homme. Une initiative du centre socio-culturel du Neufeld, qui invite quelques-uns de ses jeunes à passer derrière la caméra. Encadrés par une documentariste de la région, Julia Laurenceau, ils réaliseront leur propre documentaire, rapportant leur expérience du festival.
Une aventure qu'apréhende Safia, qui confie n'avoir manié qu'un téléphone portable pour filmer et prendre des photos. « Je sais juste que c'est lourd une caméra!»
Le lendemain, rencontre avec Julia Laurenceau et découverte de la caméra. Mais en introduction, les quatres adolescents sont invités à partager leurs impressions sur le film. « Ce n'était pas assez violent, affirme Safia, un an après, c'est comme s'il ne s'était rien passé. Tout est reconstruit. » « C'est choquant! Plus tard les enfants, ils auront des maladies, déclare quant à elle Flora.
Les jeunes partagent et débattent sur le film, Récits de Fukushima. (Photo:CUEJ/A.C)
Place ensuite à la caméra pour une première initiation. Premier flop. Le matériel de la documentariste n'est pas compatible avec celui du centre. Elle ne peut pas leur montrer, comme prévu, des plans et séquences sur l'ordinateur. Un des deux animateurs, Mourad, se prête au jeu et s'improvise acteur. Les adolescents se pressent derrière la caméra, amusés. Julia commence à leurs prodiguer quelques conseils de tournage: « Ça c'est une contre-plongée. Et vous voyez, de cette manière, votre personnage est écrasé. Vous le dominez.» Les jeunes, ravis, toisent Mourad.
Premier contact avec la caméra. (Photo:CUEJ/A.C)
Jeudi 11 octobre, Récits de Fukushima est projeté une seconde fois au cinéma l'Odyssée. Mais cette fois-ci, il n'est pas question d'être un simple spectateur. Les adolescents doivent tourner la première séquence de leur production. Second flop. Les trois jeunes filles sont en retard. C'est donc à Julia Laurenceau et Justin d'assurer la première séquence du futur documentaire. Le public, venu peu nombreux, est installé. Les lumières ne vont pas tarder à s'éteindre. Julia fait les derniers réglages avec sa caméra. Justin est preneur de son, il met le casque. Le film est présenté en une poignée de minutes, le temps de tourner quelques plans. La pénombre s'installe, le film commence, il est temps de partir.
Alors que Julia filme, Justin prend le son (Photo:CUEJ/A.C)
Alors qu'ils s'apprêtent à quitter la salle, la documentariste, Justin et les animateurs rencontrent les jeunes retardataires. Le petit groupe devait filmer les spectateurs venus assister au film et attendre la fin de la projection pour assister au débat avec un membre du réseau « Sortir du nucléaire ».
Mais devant le peu d'intérêt que manifestent les jeunes pour les enjeux du nucléaire, la documentariste décide de changer ses plans. Ils ne filmeront pas le débat, n'interrogeront personne, mais échangeront avec le réalisateur belge sur ses semaines passées à Fukushima au cours d'un entretien sur Skype.
Le prochain jour de tournage se déroulera à Schiltigheim le 17 octobre au Cheval Blanc lors de la projection de Mon voisin le Kurde. Le réalisateur et un des protagonistes (un commerçant du Neudorf) seront présents. La dernière occasion pour Justin, Léa, Flora et Safia de faire leurs preuves derrière la caméra.
Adriane Carroger
Lisa Agostini