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Kehl, la française

Après la Seconde Guerre mondiale, Kehl devient française et le reste pendant huit ans. Les Kehlois français sont renvoyés à Strasbourg, les Kehlois allemands peuvent enfin revenir dans leur ville. Rencontre avec quelques témoins de cette époque.

En 2016, Ute Scherb, archiviste à la mairie de Kehl, organise au Hanauer Museum une exposition sur la période française de cette ville frontalière. Elle lance un appel dans les médias français et allemands pour retrouver des témoins de ce temps. Aucune réponse du côté français, comme si nul ne voulait se souvenir de l'époque où la France débordait sur la rive orientale du Rhin.

Une histoire qui remonte à la toute fin de la guerre. En 1946, Kehl devient française. Après le départ des Kehlois allemands - qui ont déserté leur ville à partir de la libération de Strasbourg -, le gouvernement français décide de fusionner la cité strasbourgeoise et sa voisine pour installer des familles en manque de logement. Kehl devient petit à petit une véritable ville française. Elle le restera huit ans. À partir du 8 avril 1949 et jusqu’au 8 avril 1953, où, sous la pression des États-Unis, la ville de Kehl est restituée à l’Allemagne en 42 étapes et autant de secteurs.

Les Kehlois allemands n’imaginaient pas que leur retour prendrait autant d'années. L’exposition du Hanauer Museum les incite à confronter leurs histoires et à faire la connaissance des Kehlois français.

Egon Eisenbeiß, 76 ans, a fui Kehl à la fin de la guerre. Monique Meyer, française évacuée outre-rhin, a été rapatriée à Strasbourg dans la Cité Rotterdam, planifiée et construite en moins de deux ans afin d’héberger les familles déplacées. Ils témoignent.

Photos : Stadtarchiv Kehl (photos d'archives), Franziska Gromann, Clarissa Herrmann 

Clarissa Herrmann et Franziska Gromann