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L'actu du mardi 12 mars en bref


15 mars 2024

Deux championnes du monde de football pour célébrer les droits des femmes

Ce mardi, le Parlement européen recevait les espagnoles Alba Redondo et Ivana Andrés pour célébrer la journée internationale des droits des femmes. En invitant ces championnes du monde de football (2023), les eurodéputés ont voulu promouvoir la place des femmes dans le sport à quatre mois des Jeux Olympiques.

Pour Ivana Andrés, « le sport émeut, transforme et éduque ». La défenseuse centrale rappelle l’importance de cette activité pour faire changer les mentalités sur les inégalités de genre. « Nous vous avons vues, bouleversant les stéréotypes, atteindre vos buts et en mettre un certain nombre aussi », a salué Roberta Metsola, la présidente du Parlement Européen. Même si cette dernière ne l’a pas mentionné, Alba Redondo et Ivana Andrés incarnent également la libération de la parole des femmes contre les agressions sexuelles.

« Vous avez dit "ça suffit" à des agressions », a remercié, émue, leur compatriote Iratxe Garcia Pérez (S&D, sociaux-démocrates). « Le silence, c’est fini. »

[ Plein écran ]

Ivana Andrés (à gauche) et Alba Redondo (à droite) étaient les invitées de Roberta Metsola, la Présidente du Parlement européen. © European Union 2024 - Source : EP

Une référence à la tribune signée par les deux footballeuses en soutien à l’une de leurs coéquipières. En août dernier, au moment de la victoire de l’Espagne en Coupe du monde, Luis Rubiales, alors président de la Fédération espagnole de football, avait embrassé de force la joueuse Jennifer Hermoso. Filmée, cette agression sexuelle avait fait le tour du monde. En réaction, 80 joueuses dont Alba Redondo et Ivana Andrés avaient signé une pétition et s'étaient dites prêtes à renoncer à leur sélection pour soutenir leur coéquipière. 

Adèle Pétret

La Bosnie-Herzégovine, bientôt dans l'Union ? 

« Les portes sont ouvertes, nous devons maintenant soutenir la demande d’adhésion » de la Bosnie-Herzégovine. C’est le message qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est venue délivrer aux eurodéputés. Elle a recommandé aux dirigeants des États membres d’ouvrir les négociations pour permettre l’entrée du pays dans l’Union européenne (UE). Ravagé par trois ans de guerre après la proclamation de son indépendance en 1992, le pays des Balkans avait déposé sa candidature en 2016. Celle-ci avait été acceptée fin 2022, suivant la dynamique impulsée par la candidature ukrainienne.

Depuis, la Bosnie-Herzégovine a « fait un pas en avant impressionnant, plus de progrès en un an qu’en une décennie », affirme la Commission. Même si « le processus sera encore long », Ursula von der Leyen a salué les efforts du pays candidat, qui a adopté des lois sur la corruption et fait évoluer sa politique étrangère. Cette décision reste un pari : le pays figure parmi les plus pauvres d’Europe et est divisé en deux entités politiques autonomes, la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la Republika Srpska. Or, le dirigeant de cette dernière, Milorad Dodik, garde des liens forts avec la Russie.

L’annonce d'Ursula von der Leyen a été bien accueillie par les eurodéputés, même si certains s’interrogent sur l’impact de l’intégration d’un nouvel État sur le fonctionnement de l’UE. « On évite d’aborder la réforme institutionnelle, alors qu’on ouvre des négociations d’adhésion. Il faut la fin de l’unanimité au Conseil », estime l’eurodéputé espagnol Ruiz Devesa (S&D, sociaux-démocrates). La question de l’élargissement et l’adhésion bosnienne sera en tout cas au menu de la réunion des chefs d’État et de gouvernement, à partir du jeudi 21 mars.

Yves Poulain

L’UE criminalise toute collaboration avec la Russie

Le non respect des sanctions européennes à l’encontre de la Russie - telles que le gel des avoirs, l’interdiction de pénétrer sur le territoire de l'UE et la restriction à l'importation et à l'exportation - sera puni plus sévèrement. À la quasi-unanimité, le Parlement européen a adopté une législation pénalisant la violation de ces mesures restrictives. « Cette directive envoie un message fort. Elle va permettre qu'à l'avenir les sanctions soient plus efficaces », se félicite Didier Reynders, commissaire européen à la justice.

Depuis l’invasion militaire de l’Ukraine, un arsenal de punitions a été pris contre Moscou et ses dirigeants. Malgré tout, certains acteurs économiques continuent à commercer et à coopérer avec le pays. Ces nouvelles règles visent à harmoniser l’application des sanctions au sein des 27 États. « Nous voyons des exportations de voitures considérables de l'Allemagne vers la Russie passant par le Kirghizistan », décrit Sophia in 't Veld, eurodéputée néerlandaise (Renew, libéraux).

Les contrevenants à la directive risquent désormais une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans. Les entreprises pourront aussi se voir infliger des amendes plus dissuasives. Didier Reynders a également annoncé que les ressources financières issues de la confiscation des avoirs russes vont contribuer « à la réparation des dommages causés par la guerre en Ukraine ».

Almamy Sané

Violences et harcèlement au travail : l'Europe rattrape son retard

« Une femme sur trois dans l’UE a déjà subi une forme d’agression sexuelle, dont un tiers sur son lieu de travail », a rappelé l’eurodéputée belge Cindy Franssen (PPE, droite) lors de la ratification de la convention sur la violence et le harcèlement par le Parlement européen, ce mardi. 

Ce traité, négocié en 2019 au sein de l'Organisation internationale du travail, a pour objectif d’assurer à chacun un environnement professionnel sain et sûr. Au moment de l’adoption, les eurodéputés ont mis l’accent sur le risque inégal de subir des violences sur le lieu de travail. « Certaines personnes ont besoin de protection particulière, celles en situation de handicap, sans papiers », a ainsi souligné l’eurodéputée espagnole Diana Riba I Giner (Les Verts, écologistes).

Les signataires de la convention s’engagent à interdire en droit la violence et le harcèlement, mais également à encourager les acteurs du monde du travail à prendre des mesures pour prévenir et traiter ces abus dans l’environnement professionnel. 

À ce jour, seuls sept États membres de l’Union européenne l’ont ratifié. En Belgique, France et Allemagne, la convention va entrer en vigueur en juin. Avec ce vote des eurodéputés, l’objectif est que l’Europe des 27 suive le mouvement. C’est désormais aux Etats membres de s’engager.

Elise Walle

 

Les ingérences étrangères menacent les élections

« J’ai la certitude qu’il y aura des ingérences étrangères durant les élections européennes de juin », a regretté Věra Jourová. Invitée au Parlement européen pour répondre aux questions de députés inquiets, la vice-présidente de la Commission européenne a pleinement reconnu la « menace » planant sur l’Europe et ses démocraties.

À quatre mois des élections européennes, plusieurs eurodéputés se sont alarmés d’un « adversaire » particulièrement virulent, la Russie, accusée d'encore chercher à affaiblir la société européenne et sa liberté d’expression.

« À quel point les institutions européennes sont-elles préparées aux attaques hybrides de la Russie ? », a interpellé l’eurodéputé polonais, Joachim Brudziński (CRE, conservateurs). Reconnaissant la difficulté, la vice-présidente de la Commission a listé les méthodes que pourrait utiliser le Kremlin pour influencer les élections : « cyberattaques, désinformation, deepfakes... ». Elle se félicite néanmoins de l’engagement pris par les grands réseaux sociaux, à part X (ex-twitter), à agir contre les manipulations cachées et les deepfakes.

Mais elle en est consciente, l’Europe est aujourd’hui incapable de totalement contrer la désinformation en ligne menée par la Russie. Dernier rempart à la guerre de manipulation : les citoyens. La vice-présidente de la Commission appelle les eurodéputés à faire preuve de responsabilité lors de la campagne, et à « sensibiliser [les électeurs] à la pensée critique. »

Angellina Thieblemont 

Cybersécurité : les entreprises devront renforcer leurs contrôles

« C’est l’une des plus grandes avancées législatives en matière de cybersécurité », se félicite l’eurodéputé italien Nicola Danti (Renew, libéraux). L’Union européenne s’est dotée de nouvelles réglementations au sujet des objets connectés. Elles concernent aussi bien les smartphones que les appareils électroménagers ou les caméras de surveillances. Il s’agit d’endiguer les cyberattaques qui se sont multipliées ces dernières années. Toutes les 11 secondes, une organisation est victime d’attaques rançongicielles en Europe.

Dorénavant, tous les produits comportant des éléments numériques, vendus sur le marché européen, verront leur contrôle de cybersécurité renforcé. Les fabricants seront garants de leur fiabilité avant, pendant et après la vente. Ils devront, entre autres, renforcer le cryptage des données et automatiser les mises à jour de sécurité.

En cas d’infraction, une amende équivalant à 2,5 % de leur chiffre d’affaire pourrait leur être infligée. Seuls les logiciels open-sources en seront exempts. Cette réglementation représente un coût pour les entreprises. Les PME européennes seront éligibles à une aide financière grâce à des dispositifs tels que Digital Europe. L’objectif est d’assurer une "concurrence loyale" face aux géants de la tech, souvent implantés en dehors de l’UE. C’est l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA) qui a été chargée de veiller au respect de cette législation. Chaque pays membre devra l’informer d’éventuelles failles de sécurité afin qu’elle mette en garde l’ensemble des 27.

Lya Roisin--Pillot

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