13 mars 2018
Dix Etats membres n’ont toujours pas ratifié la convention d’Istanbul. Ce traité vise à protéger les droits des femmes.
Dans un débat au Parlement européen le 12 mars, une majorité de députés appellent les Etats membres à ratifier le plus vite possible la convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes.
Prévenir, punir les violences et protéger les femmes, voici les principaux objectifs de ce traité international adopté en 2011 par le Conseil de l’Europe. Seuls 17 Etats membres de l’Union européenne l’ont pour l’instant ratifié.
Reste la question de l’adhésion de l’UE elle-même à la convention. « Cela permettrait de protéger les femmes même si l’agression avait lieu dans un Etat membre qui n’a pas ratifié. Les victimes pourraient saisir la Cour de justice de l’UE », explique l’eurodéputée socialiste française Christine Revault d’Allonnes, co-rapporteure.
« Une idéologie de gauche »
Pour ses défenseurs, la convention d’Istanbul est le meilleur instrument contraignant pour lutter contre les violences domestiques, physiques, sexuelles et psychologiques. Pourtant, certains eurodéputés doutent de l’utilité d’un tel traité.
Certains, comme la députée conservatrice polonaise Jadwiga Wiśniewska, reprochent aux défenseurs de la convention de vouloir « faire passer une idéologie de gauche ». En cause, la notion de « genre » qui figure dans le texte. Les opposants y voient une menace envers les traditions et la souveraineté de leur État. « Certains pensent que la convention contraindrait les États à autoriser le mariage homosexuel et à créer un régime spécifique pour les transgenres. Mais aucune référence n’est faite à cela », a réagi le vice-président de la Commission Andrus Ansip.
La Slovaquie et la Bulgarie ont récemment abandonné le projet de ratification de ce traité, tandis que la Pologne, qui a ratifié en 2015, souhaite désormais se désengager. Pour Anna Záborská, députée slovaque du PPE (droite), « l’UE devrait respecter le droit de chaque État de juger des avantages et des inconvénients d’une convention ».
Mais Christine Revault d’Allonnes ne l’entend pas de cette oreille : « Dans les gouvernements peu démocratiques, les femmes sont toujours les premières touchées par la remise en cause de l’Etat de droit ».
Coralie Haenel