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La recommandation adoptée mercredi veut aller plus loin et renforcer cette stratégie. D’une part la Task Force Est a vocation à continuer sa croissance mais aussi à poursuivre sa collaboration avec son équivalent des balkans, la Stratcom Task Force Balkans. Et d’autre part, les eurodéputés demandent aussi l’augmentation du nombres d’experts de chaque pays dans la Task Force Est. Autre point important qui ressort de la volonté parlementaire: faire de la cellule une structure à part entière du SEAE.

Il faut geler les négociations d'adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Tel est l'avis du Parlement européen à l'issue de l'examen du rapport annuel 2018 sur ce pays officiellement candidat depuis 1999. La rapporteure néerlandaise Kati Piri (S&D, sociaux démocrates) a déploré le franchissement d’une « ligne rouge » depuis 2017, date de l’adoption de la nouvelle Constitution. Par ce rapport, le Parlement a demandé une prise de position forte des Etats européens face aux autorités turques. « Il en va de la crédibilité de nos institutions », a déclaré l’eurodéputé Knut Fleckenstein (S&D).

Cette résolution intervient à quelques jours d’une rencontre à Bruxelles entre les ministres des Affaires européenne des 28 et la Turquie, le 15 mars. Au sommaire, la lancinante question de l'adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Alors que les dérives anti-démocratiques du président Recep Tayyip Erdogan inquiètent, notamment en matière d'indépendance de la justice et de liberté de la presse, les négociations sont au point mort. Le Parlement se prononce donc pour la suspension des discussions officielles, sans pour autant demander un retrait.

A droite, certains auraient voulu une action plus radicale : le retrait pure et simple du statut de pays candidat. C’est le cas de l’eurodéputée allemande Renate Sommer (PPE, chrétiens démocrates). « Cela fait 15 ans que je travaille sur les négociations, la Turquie ne respecte pas les demandes de l’Union, ça ne sert à rien de continuer. »

Julie Gasco

Pour contrer les russes, les eurodéputés souhaitent que l’Union s’appuie sur un outil dédié à la contre-propagande créé en 2015 par le Service européen d’action extérieure (SEAE), qui gère la politique étrangère et la sécurité de l’Union : La Stratcom East Task Force. Ce service de communication est chargé de contrer la désinformation russe. Il a pour but de repérer et discréditer sur internet les campagnes hostiles à l’UE. Sur le site euvsdisinfo.eu et son compte Twitter, la Task Force Est publie quotidiennement pour contredire, en anglais, les « fake news » téléguidées par la Russie. Au Parlement, l’eurodéputé estonien Tunne Kelam (PPE, chrétiens démocrates) a salué la réussite de cette cellule d’action : « Elle a fourni d’excellents résultats qui ont révélé 5000 exemples d’informations pro-kremlin ».

La Russie : cible prioritaire

La chaîne d’information russe, financée par le Kremlin et diffusée dans le monde entier en anglais, français, arabe, espagnol et allemand est accusée par le Parlement d’être aux ordres de Moscou. La Russie est ainsi spécifiquement visée par cette recommandation. L’eurodéputé tchèque Jaromir Stetina (PPE, Chrétiens démocrates) a expliqué avec force sa position : « Notre ennemi c’est la Russie ! »

Les eurodéputés ont notamment qualifié cette lutte de « guerre hybride », où le numérique tient une place centrale. Ils ont donc accordé une attention particulière à la capacité d’adaptation de l’Union aux différentes formes attaque. La recommandation dénonce la modernisation et la furtivité des moyens utilisés par les pays extra-européens. C’est le cas des réseaux sociaux, les messageries cryptées, telle que Telegram ou encore les chaînes d’informations russes internationales comme Russia Today.

Le 13 mars, à Strasbourg, le Parlement européen s'est prononcé pour la suspension des négociations d'accession de la Turquie à l’Union européenne.

Si ce projet n’est pas contraignant, il incite la Commission européenne à davanatge légiférer et à augmenter ses moyens de lutte contre la propagande, notamment en période électorale. La recommandation appelle aussi les Etats membres à modifier leurs lois électorales pour lutter contre la désinformation, les cyber-menaces de violations de liberté d’expression lors des élections. L’approche du scrutin européen décisif du mois de mai et l’ombre du scandale Cambridge Analytica, où des données personnelles d’utilisateurs de Facebook ont été utilisées pour influencer certaines élections, ont en effet largement plané sur les débats dans l’hémicycle.

Les médias russes à visées internationales comme Russia Today ou Sputnik sont clairement critiqués par la recommandation. © Julie Gasco

Anna Fotyga (ECR, souverainistes) était déjà la rapporteure d’une première mouture du texte en 2016. © Julie Gasco

 

Parfum de guerre froide. Le Parlement européen a adopté (489 voix pour, 148 contre et 30 abstentions), mercredi 13 mars, une recommandation pour lutter contre la propagande de pays tiers. Ce texte vise les campagnes de désinformation et de déstabilisation de l’Union par la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l’Iran.

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