naviguent entre le supermarché, les quatre épiceries spécialisées, les trois boulangeries, les deux fleuristes et d’autres commerces de proximité. Evelyne Caquelin, 80 ans, membre de l’Union des commerçants et artisans de Schiltigheim, habite la ville depuis 1965. Au fil des décennies, l’ancienne gérante de feu Cafés Reck – l’enseigne du numéro 114 a baissé pavillon fin 2017 –a constaté la fermeture de nombreuses boutiques ; la faute à Internet et à la zone commerciale de Mundolsheim-Vendenheim, analyse-t-elle.
Quand Auchan devient un commerce de proximité
Le magasin Auchan, qui s’est implanté en 2014 sur le site de l’ancienne brasserie Adelshoffen, occupe une place centrale dans l’activité commerciale schilikoise. Dans ses rayons, des retraitées croisent des familles, des trentenaires et des adolescents. Tous s’accordent sur le fait que ce supermarché de ville est un commerce de proximité incontournable.
Surprenant à première vue, mais les fidèles clients l’expliquent. “Je viens faire mes courses ici car je ne peux pas me déplacer trop loin toute seule”, témoigne Aimée, canne à la main. Comme elle, la plupart des clients viennent à pied ou à vélo. Bernard, retraité schilikois qui y fait généralement des achats d’appoint, se réjouit du “bon rapport qualité-prix. Ici, c’est bien moins cher qu’au Carrefour Express 800 mètres plus loin”.
Paradoxalement, les commerçants des boutiques alentour estiment ne pas subir la concurrence de cette grande enseigne. “La plupart des gens qui viennent dans notre épicerie savent qu’ils trouvent ici des produits spéciaux, qu’il n’y a pas à Auchan ou dans les autres commerces”, précise d’un air assuré le boucher d’Asan Market, en esquissant un sourire sous sa moustache. La petite boutique, qui fait face au supermarché, propose des spécialités alimentaires turques et bosniaques, comme les kadayıf, célèbres gâteaux turcs aux cheveux d’ange.
À chacun sa clientèle
La famille Gregorian tient l’ARM Market, un petit local à l’enseigne discrète, qui fait la part belle aux produits russes et arméniens. Le commerce, ouvert fin juillet, ne souffre pas non plus de la présence d’Auchan. “Lorsque nos clients veulent acheter des produits de base, ils laissent leurs achats ici et traversent la rue pour aller rapidement à Auchan avant de revenir”, ajoute la vendeuse Tatevik, une jeune brune d’une vingtaine d’années.
Pas de concurrence non plus avec l’Asan Market, son voisin, mais pour une autre raison : les récents affrontements entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan – soutenu par la Turquie – au Haut-Karabakh. Rien d’étonnant donc à ce que le sourire de Tatevik se crispe légèrement quand on lui parle de l’Asan Market, dont le propriétaire est turc. “Nos clients ne vont pas chez eux et inversement”, déclare-t-elle, “c’est une question de principe”. Les relations entre les deux commerces ont beau être très cordiales, les tensions internationales n’épargnent pas la route de Bischwiller.
Arrêt Maison-Rouge, sur la ligne L3. Chaque bus qui s'immobilise déverse un flot de passagers avec leurs cabas vides sous le bras. Sur cette partie de la route de Bischwiller bat le cœur commerçant de Schiltigheim.
À l’abri des regards, en retrait de la chaussée, la terrasse du bar PMU “La Cravache d’or” accueille ses premiers clients de bon matin : des habitués venus parier aux courses et des travailleurs pressés. Ils prennent place en discutant autour des tables en plastique, encerclées par la rambarde en bois qui délimite l'avancée extérieure. Installés sur des chaises métalliques, une poignée d’ouvriers, les habits tachés de peinture, finissent d’avaler leur café. Ils se dirigeront bientôt vers le chantier de la future médiathèque, à quelques dizaines de mètres de leur QG.
Un peu plus loin, le gérant de l’épicerie Asan Market a déployé ses étals, soigneusement alignés sur le trottoir. La lumière du soleil illumine les fruits et légumes aux couleurs vives. En face trône la seule galerie commerciale du secteur, qui accueille un supermarché Auchan et cinq autres boutiques. Des clients venus y faire leurs courses s’échappent par ses portes coulissantes pour aller inspecter les raisins et les figues de Barbarie de l’épicerie, ou pour acheter leur baguette dans l’une des boulangeries situées à proximité. C’est un ballet qui se joue là tous les jours : les clients – principalement des habitants de Schiltigheim et Bischheim –
Une médiathèque attendue depuis dix-sept ans
En 2003, la création du réseau des médiathèques de secteur de l’Eurométropole est lancée. Aujourd’hui, seule la médiathèque Nord de Schiltigheim n’est pas encore opérationnelle. Avec les années et les contraintes budgétaires, ce projet est devenu une véritable épine dans le pied des élus qui se sont succédé. La destruction de l’ancien supermarché Simply Market a permis d’accélérer les choses. Près de 15 millions d’euros ont déjà été investis dans le projet par la collectivité. En 2017, l'Eurométropole a acheté sur plans 2516 m ² de surface à l’opérateur privé Vilogia, pour 4,7 millions d’euros. L’enveloppe brute de la médiathèque Nord a été livrée fin 2019. L’Eurométropole estimait que l’équipement de la médiathèque, son mobilier et les collections pourraient coûter 6,5 millions d’euros.
À Schiltigheim, la proximité des écoles Exen et Léo-Delibes avec la route de Bischwiller expose enfants et parents aux dangers de l’intense trafic automobile.
Une commission sécurité en vue
Pour tenter de sécuriser les abords des écoles, deux agents de surveillance de la voie publique (ASVP) sont mobilisés par la municipalité. Le premier s’occupe toute la semaine de 10h à 17h du groupe scolaire Exen. Le second tourne entre les écoles Léo-Delibes et Parc du Château. Pour Myriam Reiss, "l’ASVP est à Léo-Delibes peut-être une à deux fois par semaine. Mais il devrait y être tout le temps vu l’endroit stratégique plein de dangers". Pour Sandrine Le Gouic, adjointe de la municipalité à l’Éducation, Petite enfance et à la Caisse des écoles, la présence en pointillé des ASVP s’explique par le faible effectif de la police municipale. "On va lancer deux embauches à partir de 2021 mais on ne peut pas faire beaucoup plus", admet-elle.