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À Bischheim, le parc Wodli accueille peu de végétation. Bien loin d’un écrin de verdure en centre-ville. © Laura Remoué

Holiday, le tube de Madonna, s’échappe d’une petite radio sans fil. À côté, des ouvriers s’affairent. Certains travaillent à plusieurs, d’autres seuls. La crise sanitaire actuelle et le confinement du printemps ont retardé le chantier. Mais même en temps normal, c’est la course. “Aujourd’hui dans le BTP, on n’a même pas encore commencé un chantier qu’on est déjà en retard”, balance Abdé. Il faut construire toujours plus vite pour rentabiliser le coût de l’opération. Un planning serré que les travailleurs devraient pouvoir tenir : la fin des travaux est prévue pour juin 2021.

 

“C’est comme si vous appuyez sur les deux extrémités d’un spaghetti : ça casse”, mime-t-il. Un exercice tellement sensible qu’une fois arrivés au rez-de-chaussée, lorsque le démolisseur cassait un élément de façade, les ouvriers construisaient immédiatement une poutre pour éviter que l’ensemble s’écroule.

“C’est très compliqué de construire du neuf sur de l’ancien”

Entre le mois de mai et le début du mois d’octobre, les ouvriers ont érigé cinq étages et une toiture accessible. “On tournait à 24 en temps fort”, explique Abdé, assistant chef de chantier. Aujourd’hui, les morceaux conservés de la friche sont reconnaissables à leur couleur terne, ravivée par quelques tags. “C’est très compliqué de construire du neuf sur de l’ancien : on ne sait pas sur quoi on va tomber quand on casse ou que l’on perce quelque chose”, raconte le quadragénaire. De sa main camouflée dans un épais gant usé, Abdé désigne deux ou trois endroits : face à des poutres insuffisamment armées en ferraille, les ouvriers ont posé des renforts ou opéré des remplacements.

C’est pour conserver l’architecture remarquable de l’édifice, notamment ses angles arrondis et la hauteur de ses niveaux, que le squelette de la “nouvelle salle de brassage” a été préservé. “On a dû garder la structure principale, qui est de bonne qualité malgré son âge”, explique Lucas, le conducteur de travaux. Le bâtiment a vu le jour en 1959, lors de la reconstruction du site Fischer suite aux bombardements de 1944.

Un bâtiment historique

De son bureau, installé dans un préfabriqué, Lucas a vue sur une partie du chantier. Vêtu de sa veste orange fluo floquée au nom d’Eiffage, il décrit la démolition partielle de l’édifice comme un exercice sensible et dangereux. À l’aide d’un Blokk, un engin au long bras articulé, la destruction s’effectue par le haut, petit à petit, de manière à alléger la structure. Un travail de funambule, puisqu’il a fallu démolir les murs extérieurs de l’édifice tout en conservant les poteaux de béton et certaines poutres horizontales. “À la fin, nous nous sommes retrouvés avec une maison sur pilotis !”, s’exclame le technicien. La crainte principale a été le flambement des poteaux qui, sans les murs, maintenaient quasiment à eux seuls le bâtiment debout.

Ala'a Chhadee, Manon Martel et Sophie Pouzeratte

Statu quo

L’idéal serait de résoudre le problème à la racine. Attribuer un nouveau code postal ? Depuis les années 2000, la base de données des codes de La Poste ne change plus, puisque toute modification aurait un impact sur l'organisation, le paramétrage des machines, et donc présenterait un coût notoire pour l'entreprise. Rebaptiser les rues ? Si les conseils municipaux proposent et valident les nouveaux noms de rue, les habitudes en matière d'adresses ont la vie dure : "On a constaté que quand on change le nom d'une rue, vingt ans après, on a encore du courrier à l'ancienne adresse", explique Benoît Coupechoux. Aux habitants des 19 rues homonymes de Hoenheim et Bischheim de rester vigilants, à l'instar de Friedrich Graffmann. Depuis qu’il a mis un mot sur sa boîte aux lettres, il n'a plus rencontré de problème.

Emma Bougerol

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© Rafaël Andraud / Grégoire Cherubini

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Au parc de la Résistance, à Schiltigheim, un potager urbain est mis à disposition des citoyens. © Laura Remoué

Sur la route de Bischwiller, une quinzaine de kebabs s'entassent du nord de la mairie de Schiltigheim jusqu'au sud de Bischheim. Face à une concurrence accrue, ils ont dû  diversifier leurs offres pour se démarquer et continuer d'exister. 

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Seuls quelques arbres d’alignement et des plantes d’ornement sont observables sur la route de Bischwiller, peu propice à une importante végétalisation. © Laura Remoué

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