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À Bischheim, Doris Muller a toutes les commodités. © Juliette Lacroix

 

La question de propriété

Ce projet de parvis est aujourd’hui retardé pour des questions de domanialité. L’Eurométropole n’est pas propriétaire de toute la zone qu’elle souhaite aménager : "Une partie appartient encore aux propriétaires des immeubles rue de Wissembourg, et le parvis de l’église est à la paroisse de l'église Sainte-Famille", explique Danielle Dambach. 

Bien que favorable à un projet qui agrandira le parvis et mettra fin à la circulation des voitures, le président du conseil de fabrique de la paroisse Sainte-Famille*, Michel Holtzmann, est prudent : "Notre souci, c'est de rester propriétaire de notre parcelle, afin de pouvoir rester maître de notre parvis pour le bon fonctionnement de notre église." Le conseil souhaite "signer un bail emphytéotique avec l'Eurométropole, et non céder cette parcelle pour 1 euro symbolique comme proposé par la collectivité". Ce type de contrat organise une location de très longue durée (jusqu’à 99 ans) et permet à la collectivité d’aménager librement la parcelle. La paroisse y voit la garantie d'un accès aisé à l’église lors des mariages, enterrements et autres fêtes religieuses.

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Pierrick Cousin a emménagé il y a deux ans dans un appartement de la résidence Quartz. © Juliette Lacroix

Un lien intergénérationnel

Les jardins résonnent aussi des jeux des enfants des résidences les mercredis après-midi, qui s’amusent seuls entre les allées. “Un jour, certains m’ont demandé comment on s’occupait d’un jardin. Je leur ai donc appris à arroser les plantes, à ne pas mettre de l’eau sur les feuilles quand il y a trop de soleil”, relate Sylviane.

Les lots, d’une dizaine de mètres carrés, sont tous occupés, sauf ceux au pied des Patios d’or, une résidence réservée à des personnes âgées valides, située à la sortie du quartier en face de la gare routière. Dans cet espace, seuls trois parcelles ne sont pas envahies par les herbes folles. “Les habitants n’ont plus envie de s’occuper de jardins, soit pour des raisons physiques soit parce que ça demande du temps et qu’ils veulent le consacrer à autre chose”, observe Marcel Bruhn, président du conseil syndical de la résidence Amarante. Depuis, des idées de construction de terrain de pétanque ou d’espace vert ont été évoquées, sans aboutir pour l’instant.

Emma Barraux et Cindel Duquesnois

"Je la regarde du coin de l'œil car elle fait la promotion de certains produits pour nourrissons auprès du CMCO." Sa suspicion, ce gérant d’une officine concurrente la porte sur la pharmacie Pasteur. Située aux abords de la mairie de Schiltigheim, celle-ci pratiquerait la publicité, en allant directement démarcher les patientes du CMCO (Centre médico-chirurgical obstétrique) avec ses produits de maternité, d’après les dires de certains membres du personnel hospitalier et concurrents. Le résultat est sans appel : bien des jeunes parents se muent en clients.

Au-delà de la moralité, "cela relève de la légalité ou non", rappelle le vice-président de l’Ordre des pharmaciens du Grand Est, Christian Barth. La publicité en dehors de la pharmacie et le démarchage sont interdits par le code de la santé publique.  “Les pharmacies veulent parfois jouer sur le même terrain que les entreprises de matériel médical qui vendent des pansements et autres produits aux hôpitaux “, observe M. Barth.

Dans sa quête de clients futurs et d’un lien privilégié avec le CMCO, la pharmacie Pasteur profiterait d’un certain brouillard déontologique. Le vice-président de l’Ordre admet que la fraude est difficile à prouver car la publicité s’affiche souvent comme de la simple communication. L’entreprise réfute toute pratique illicite et se défend d’un quelconque "contrat avec l’hôpital". Elle met plutôt l’accent sur des offres de prix réduits affichées en vitrine, ce qui lui permet de se démarquer de ses concurrentes.

Économiquement, les officines ne sont pas sur le même pied d’égalité. Celles qui disposent de moyens importants, comme Gentiane à Schiltigheim, jouissent de conditions commerciales favorables auprès des laboratoires : en achetant les stocks en grande quantité, elles peuvent négocier des remises. Pour jouer sur le même tableau, les plus petites structures, comme la pharmacie de l’Hôtel de ville, forment des regroupements d’achats dans le but de commander des quantités plus importantes.

Cette course aux bas prix n’est cependant pas le nerf de la guerre concurrentielle. "Sur Schiltigheim, vous prenez un produit comme le Fervex [un médicament contenant du paracétamol coûtant environ 4 euros la boîte, NDLR], entre la plus chère et la moins chère il n’y a que 40 centimes de différence", témoigne Djemoui Zerari, gérant de la pharmacie de l’Hôtel de ville. Les petites pharmacies se retrouvent également devant le problème de la diversité des produits proposés : elles ne possèdent pas des gammes comparables à celles avec plus de moyens.

Dans ce contexte où les produits sont majoritairement remboursables, les enseignes misent sur la parapharmacie pour se démarquer. Djemoui Zerari a aménagé un espace phytothérapie pour se différencier de ses concurrents. "Si vous habitez dans le quartier, que vous avez un petit problème et aimeriez quelque chose à base de plantes, vous saurez que j’aurai le choix", se félicite-t-il.

La route de Bischwiller est assez caractéristique de cette stratégie concurrentielle. À Schiltigheim, Pasteur parie sur la demande en s’adaptant à la clientèle du CMCO et un large choix de références pour nourrissons. La pharmacie de l’Arbre vert, installée depuis près de 80 ans à Bischheim, mise sur le même cheval mais développe son rayon sport avec l’espoir de capter les patients des cabinets de kinésithérapie de la zone. La gérante de la Pharmacie de la République, à Hoenheim, tire profit de son diplôme en orthopédie pour offrir un service unique dans le secteur. Son parking lui offre un avantage certain vis-à-vis d’autres pharmacies se trouvant au bord de la route. Pour rendre l’expérience de l’achat encore plus confortable, elle propose une “fenêtre drive“. Un dispositif inédit qui évite les queues interminables.

Les officines des trois communes entretiennent leurs points forts pour capter une clientèle de niche. Cependant elles continuent à privilégier l’interaction de vive voix avec les clients. Les pharmaciens mettent tous l’accent sur ce qui fait le cœur de leur profession : le service personnalisé et l’écoute. Et ils n’oublient pas de répondre aux nouveaux besoins des clients, de plus en plus demandeurs de livraison et de click and collect.

ADRIEN FUZELLIER et LORELA PRIFTI

La famille Gregorian tient l’ARM Market, un petit local à l’enseigne discrète, qui fait la part belle aux produits russes et arméniens. Le commerce, ouvert fin juillet, ne souffre pas non plus de la présence d’Auchan. “Lorsque nos clients veulent acheter des produits de base, ils laissent leurs achats ici et traversent la rue pour aller rapidement à Auchan avant de revenir”, ajoute la vendeuse Tatevik, une jeune brune d’une vingtaine d’années.

Pas de concurrence non plus avec l’Asan Market, son voisin, mais pour une autre raison : les récents affrontements entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan - soutenu par la Turquie - au Haut-Karabakh. Rien d’étonnant donc à ce que le sourire de Tatevik se crispe légèrement quand on lui parle de l’Asan Market, dont le propriétaire est turc. “Nos clients ne vont pas chez eux et inversement, déclare-t-elle, c’est une question de principe”. Les relations entre les deux commerces ont beau être très cordiales, les tensions internationales n’épargnent pas la route de Bischwiller.

 

Paradoxalement, les commerçants des boutiques alentour estiment ne pas subir la concurrence de cette grande enseigne. “La plupart des gens qui viennent dans notre épicerie savent qu’ils trouvent ici des produits spéciaux, qu’il n’y a pas à Auchan ou dans les autres commerces”, précise d’un air assuré le boucher d’Asan Market, en esquissant un sourire sous sa moustache. La petite boutique, qui fait face au supermarché, propose des spécialités alimentaires turques et bosniaques, comme les kadayıf, célèbres gâteaux turcs aux cheveux d’ange. 

À chacun sa clientèle

La famille Gregorian tient l’ARM Market, un petit local à l’enseigne discrète, qui fait la part belle aux produits russes et arméniens. Le commerce, ouvert fin juillet, ne souffre pas non plus de la présence d’Auchan. “Lorsque nos clients veulent acheter des produits de base, ils laissent leurs achats ici et traversent la rue pour aller rapidement à Auchan avant de revenir”, ajoute la vendeuse Tatevik, une jeune brune d’une vingtaine d’années.

Pas de concurrence non plus avec l’Asan Market, son voisin, mais pour une autre raison : les récents affrontements entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan – soutenu par la Turquie – au Haut-Karabakh. Rien d’étonnant donc à ce que le sourire de Tatevik se crispe légèrement quand on lui parle de l’Asan Market, dont le propriétaire est turc. “Nos clients ne vont pas chez eux et inversement”, déclare-t-elle, “c’est une question de principe”. Les relations entre les deux commerces ont beau être très cordiales, les tensions internationales n’épargnent pas la route de Bischwiller.

 

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La famille Neumann habite l'écoquartier de Schiltigheim, mais se rend régulièrement à Strasbourg pour ses loisirs.

Le long de l’axe, ça bourgeonne

13 novembre 2020

Le long de l’axe, ça bourgeonne

Enjeu primordial contre le réchauffement climatique, le végétal peine à se frayer un chemin le long de la bétonnée route de Bischwiller. Les communes de Schiltigheim, Bischheim et Hœnheim avancent à un rythme ...

Pourquoi la route de Bischwiller change de nom à Hoenheim

Lorsque la route de Bischwiller traverse Hoenheim, elle change de nom et devient la rue de la République. Une spécificité intrigante qui trouve son origine à la fin de la Première Guerre mondiale. 

C'est en 1919, sous la mandature de Joseph Neiner, que la ville décide de modifier l’intitulé de la route de Bischwiller. À la sortie de la guerre, Hoenheim n'est pas la seule à changer le nom de ses rues dans le Bas-Rhin. "Certainement pour sonner moins allemand à la fin de l'Occupation", avance-t-on à la mairie. 

Sur des cartes de la commune datant du XVIIIe ou du XIXe siècle, la route de Bischwiller avait d'ailleurs une autre appellation : Landstross. Celle-ci figure toujours aujourd'hui sur le panneau de la rue, juste en dessous du nouveau nom, hérité de la Grande Guerre.

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