Depuis des lustres, la municipalité de Bischheim rêve de réaménager le croisement de la route de Bischwiller avec la rue du Général-Leclerc. Mais le projet est encore loin de se concrétiser.
D’abord, une camionnette UPS se gare sur le trottoir pour une livraison, obligeant les automobilistes à la contourner et bloquant le peu d’espace qui subsiste pour les cyclistes. Ensuite, un bus de la ligne 3 s'arrête juste devant cette camionnette, qui devra passer en plein milieu de la voie pour continuer sa route, alors que le trafic de voitures et des cyclistes est constant dans les deux sens. Une scène somme toute courante au croisement de la route de Bischwiller et de la rue du Général-Leclerc où passent chaque jour des milliers de voitures.
Selon Fabien Weiss, ancien adjoint au maire de 2008 à 2020, un projet de réaménagement du carrefour est à l’étude depuis plus de quinze ans. La mairie propose d’aligner la rue du Général-Leclerc avec l’avenue de Périgueux afin de faciliter la traversée de la route de Bischwiller. Pour cela, la rue du Général-Leclerc doit être retracée sur une portion de 167 m pour déboucher face à l’avenue de Périgueux et elle doublerait de largeur. Un projet qui s’accompagne d’une limitation de vitesse à 30 km/h, de nouvelles places de stationnement et d’une piste cyclable bidirectionnelle construite sur le trottoir. Le tout afin de désengorger le carrefour et de fluidifier la circulation.
D’après Jean-Louis Hoerlé, maire LR de Bischheim, la pharmacie Premium Santé sera détruite au premier trimestre 2021 afin de libérer l’espace nécessaire au déplacement de la voie de circulation côté rue du Général-Leclerc. Mais la suite du scénario n’est pas encore écrite : deux bâtiments qui doivent aussi être démolis n'ont pas encore été acquis par la mairie.
Ce type d’acquisition peut prendre du temps et se heurte parfois à la résistance des commerçants. C’est le cas d’Antonio Campolo, propriétaire du traiteur italien Casa Campolo. "C'est une histoire de longue date, la mairie négociait déjà avec mon père il y a vingt-cinq ans”, raconte Antonio Campolo. Installé en 1983, le père d’Antonio a été contacté plusieurs fois par la mairie pour lui proposer de racheter sa maison. Aujourd’hui le traiteur se dit prêt à vendre son bien mais il estime l’offre financière de la mairie insuffisante. “Je ne suis pas contre le fait de céder mon commerce, mais il s'agit aussi de ma maison et avec l’offre de la mairie, je ne pourrai pas me réimplanter ailleurs ni me loger à Bischheim”, affirme le commerçant. Ce statu quo peut durer tant que la municipalité ne décide pas d’exproprier Antonio Campolo au nom de l’intérêt général.
Conseiller municipal d’opposition et tête de la liste écologiste Naturellement Bischheim aux dernières élections municipales, Gérard Schann est loin d’être convaincu par le projet. Pour lui, la piste cyclable est purement cosmétique : “Ce ne sont pas les 50 m de piste cyclable qui vont inciter les Bischheimois à utiliser leur vélo", fulmine l’écologiste.
© Thomas Wronski
Le projet a tout de même quelques supporters, notamment Fabien Gilberg, propriétaire de la pharmacie Premium Santé : “Il y a quelques années une voiture venant de l’avenue de Périgueux s’était encastrée dans la pharmacie ! Le carrefour est très dangereux, que ce soit pour les piétons ou les automobilistes.”
Emilio Cruzalegui et Thomas Wronski