Le niveau de pollution en dioxyde d'azote mesuré sur la route de Bischwiller à Schiltigheim dépasse le seuil fixé par l’Union européenne.
Près de 15 000 voitures, poids lourds, camionnettes et bus* empruntent chaque jour la portion schilikoise de la route de Bischwiller. En plus de générer de la pollution sonore, cette affluence détériore la qualité de l’air. Selon l'association chargée de la surveillance de la qualité de l’air (Atmo Grand Est), le niveau annuel du dioxyde d’azote (NO₂) dépasse de 5,62 μg/m3 la limite fixée par l’Union européenne au croisement de la rue Perle. Il s’en approche aussi à l’école Léo-Delibes. Le problème n'est pas spécifique à Schiltigheim puisque la France a été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne, le 24 octobre 2019, pour “dépassement de manière systématique et persistante [de] la valeur limite annuelle [en] dioxyde d'azote” dans douze agglomérations dont celle de Strasbourg. Cependant, “réduire drastiquement la circulation est un véritable enjeu pour la qualité de vie des habitants”, affirme Andrée Buchmann, adjointe à la mairie de Schiltigheim et membre du Conseil national de l'air.
Si la disparition progressive des zones industrielles du secteur a permis une diminution de la pollution atmosphérique, la norme européenne continue d'être dépassée. Pour encourager les automobilistes à adopter une conduite écoresponsable, la mairie a pris en juin 2020 un arrêté abaissant la vitesse de circulation à 30 km/h. Elle s’est également engagée à développer les zones 30 dans toute la commune. Le 1er janvier 2021 débutera la transformation de l’A35 en “boulevard urbain” (NDLR : axe aménagé de façon à réduire le trafic et les nuisances). “Ce changement est incontournable pour faire de la route de Bischwiller un axe moins pollué et dédié aux riverains”, explique Patrick Maciejewski, premier adjoint en charge de l’écologie, de l’urbanisme et des mobilités. Mais la mairie souhaite aussi favoriser des modes de transport alternatifs à la voiture.
“Ce n’est qu’en modifiant structurellement la circulation, en privilégiant le vélo et les transports en commun que nous arriverons à diminuer significativement la pollution de l’air”, indique l’élu. L’arrivée d’un nouveau tramway à Schiltigheim pourrait aussi améliorer la situation. Cette ligne qui desservirait le sud de la ville par la route de Bischwiller et rejoindrait la route du Général-de-Gaulle au niveau de l’ancienne usine Fischer, pourrait réduire la place de l’automobile au profit de modes de transport doux.
Éléonore Disdero et Sarah Dupont
*Estimation du Service d’information et de régulation automatique de la circulation de l’Eurométropole (Sirac).
© Sarah Dupont
Les véhicules diesel émettent plus de dioxyde d'azote que les véhicules essence. © Loïc Gorgibus
Le dioxyde d’azote (NO2) se forme dans l'atmosphère à partir du monoxyde d’azote produit lors de la combustion d’énergies fossiles, notamment par les véhicules diesel. Dans l’Eurométropole, le transport routier produit 65% des émissions de NO2. Au contact de la pluie et de la vapeur d'eau atmosphérique, le dioxyde d'azote se transforme en acide nitrique qui, en retombant au sol, participe à l’acidification des milieux naturels. Enfin, selon l'Organisation mondiale de la santé, le NO2 rentré en contact avec des rayons ultraviolets se décompose en produisant de l'ozone, hautement toxique. En se liant avec d’autres molécules présentes dans l’air, le dioxyde d'azote peut également former des particules fines particulièrement cancérigènes. Quarante fois plus toxique que le monoxyde de carbone**, le dioxyde d’azote favorise les problèmes respiratoires (bronchites, inflammations pulmonaires et insuffisances respiratoires) et jouerait un rôle dans le développement de maladies cardiovasculaires.
**Chiffre de l’Agence de la transition écologique.
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