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De 7h à 9h, la plate-forme multimodale voit passer des centaines de voyageurs venus de tout le département du Bas-Rhin.

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Hoenheim Gare, pôle multimodal. © Elia Ducoulombier 

7h04. En ce mois de novembre, le jour se lève à peine. Caché dans les nuages, le soleil peine à réchauffer les quelques voyageurs qui patientent. Parmi eux, un quinquagénaire fait les cent pas sur le quai de la gare. Cet opticien, qui vit à Hoenheim mais travaille à Mulhouse, passe près de 5h30 dans les transports chaque jour. Aujourd’hui, il cumule les problèmes. “Le premier train pour Strasbourg a été annulé à cause du confinement. Je suis obligé de prendre celui de 6h59 qui me fait arriver 30 minutes plus tard. Et en plus il est en retard !”, se plaint-il. À 7h19, le train tant attendu entre enfin en gare.

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Les parkings relais permettent de garer sa voiture et d’obtenir un ticket aller-retour en transports en commun pour 4,20 euros la journée pour tous les passagers d’un même véhicule. © Elia Ducoulombier 

7h31. Seul sur le quai A du TER, un cycliste vêtu d’un gilet jaune scrute la voie de chemin de fer. Le train de Sébastien Degré a lui aussi été retardé de dix minutes. “À cause du froid, il y a des passages à niveau qui ne tiennent pas le coup”, note-t-il. Ce moniteur de voile à Lauterbourg est un habitué de la ligne. “Ça fait huit ans que je l’emprunte ! C’est un peu ma ligne 33 !”, affirme-t-il en souriant. Après avoir pédalé jusqu’à la gare, il prend le train avec son vélo pour un voyage de 50 minutes. Ce trajet, il l’apprécie. “Je retrouve souvent les mêmes personnes. Une fois par an, on essaye d’organiser tous ensemble le repas de la ligne 33. Cette année, on était une petite quinzaine !”, se réjouit-il. L’homme remet en place ses bottes de pluie dans le panier de son vélo. Juste avant que le train n’arrive, deux autres voyageurs le rejoignent sur le quai. Il ne les connaît pas, mais cela ne l’empêche pas de les saluer.

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Chaque jour de semaine pendant la période de confinement, une soixantaine de voyageurs descendent du train Lauterbourg-Strasbourg arrivant à la station “Hoenheim-Tram” à 7h59. © Emma Steven

8h13. Le silence s’est à nouveau installé entre les longs murs de béton et les colonnes penchées. Les lycéens n’ont laissé que l’écho de leurs rires. Quelques voyageurs attendent le passage du prochain tramway ou du bus.

8h28. Au milieu de la gare déserte, on ne voit que Dominique Bottichio et son grand sac à dos bleu. Pour faire passer le temps, l’homme regarde la carte de la ligne 201 qui circule entre Hoenheim et Pfaffenhoffen. Ce Nancéien passe une fois par mois par Hoenheim Gare. Il emprunte le car de la région pour se rendre dans la zone industrielle de Hoerdt située à une dizaine de minutes. “Avant, je prenais un taxi à la gare de Strasbourg, ça me coûtait 38 euros. Depuis quelques mois, je prends la ligne 3 puis le 201 et j’en ai pour 4,50 euros. C’est mon patron qui est content !”, ironise-t-il avant que la porte du bus ne s’ouvre.

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Le vélo est le parent pauvre de la gare : la station Velhop est peu utilisée et la vingtaine d'arceaux souvent inutilisés.  © Elia Ducoulombier. 

8h43. Une poignée de personnes âgées descendent des bus. Certains, chariot à roulettes derrière eux, rejoignent les commerces alimentaires à proximité. D’autres font une simple correspondance. “À cette heure-ci, tous les jeunes sont déjà à l’école. Il ne reste que des vieux !”, s’amuse une octogénaire qui s’apprête à monter dans un bus de la ligne 3 pour se rendre chez son médecin à Schiltigheim, route de Bischwiller. Le bus parti, le silence emplit la gare.

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Le terminus multimodal de Hoenheim a été conçu par l’architecte irako-britannique Zaha Hadid (1950-2016). © Elia Ducoulombier. 

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Mise en service en septembre 2000, la plateforme multimodale a été complétée en 2002 par une halte ferroviaire. © Emma Steven

7h28. Les 680 places de parking sont loin d’être occupées, surtout en cette période de télétravail. Pourtant, Marie, 25 ans, le trouve bien pratique. Comme à chaque fois qu’elle doit se rendre à Strasbourg, la Wissembourgeoise y gare sa voiture avant d’emprunter le tramway. Aujourd’hui, l’étudiante se rend à une formation de cuisine à Illkirch-Graffenstaden où elle suit des cours dans un établissement de formation en hôtellerie. “Je n'ai pas envie de m'embêter à traverser le centre-ville de Strasbourg en voiture. En plus, il y a peu de places pour se garer devant mon centre de formation”, explique-t-elle. Dans le fin brouillard, la jeune femme allume une cigarette avant de quitter le parking.

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En 2018, 75 157 voyageurs ont fréquenté la halte ferroviaire “Hoenheim-Tram”, selon la SNCF. Un chiffre en augmentation de 6% par rapport à 2016. © Emma Steven

7h59. “Mais pourquoi tu lui as pas dit?”, “Pourquoi tu me saoules avec cette histoire?”, chicanent des adolescents. Hoenheim Gare est submergée par plus de 70 élèves emmitouflés. À ceux qui viennent de descendre du TER s’ajoutent leurs camarades arrivés dans différents bus. Sur le quai de la ligne B, Nisrine et Madison, 17 ans toutes les deux, discutent en attendant leurs amis. Ensemble ils vont en tram au lycée Marc-Bloch à Bischheim. “J’habite à Souffelweyersheim. Je prends la ligne 3 qui est plus fréquente que la ligne 6. On est très nombreux à passer par Hoenheim Gare, environ 75% du lycée”, estime Nisrine. Les rames de tramway se succèdent toutes les cinq minutes et ne désemplissent pas.

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La ligne 201 est la seule ligne de la Compagnie des transports du Bas-Rhin à passer par Hoenheim Gare. Elle dessert également la zone industrielle de la ville et la gare de Brumath. © Elia Ducoulombier. 

8h30. Agathe, 15 ans, trouve facilement de la place pour attacher son vélo. L’adolescente qui vit à Souffelweyersheim enfourche chaque matin sa petite reine et pédale jusqu'à Hoenheim. “Je pourrais prendre le bus mais c'est plus rapide comme ça !”, explique-t-elle en accrochant consciencieusement son vélo à un arceau. À grandes enjambées, elle se dirige ensuite vers le tramway qui l’emmènera jusqu’au lycée Jean-Sturm proche de la place de l’Homme-de-Fer.

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La ligne de bus 3 du réseau CTS qui relie la Place des Halles à Strasbourg et la Gare de Hoenheim emprunte la totalité des 3,5 km de l’axe de Bischwiller. © Elia Ducoulombier. 

8h57. Quelques rares travailleurs en horaires décalés occupent les arrêts de bus. Sandra Hunsinger transite deux fois par jour par Hoenheim Gare. Tôt le matin, la femme de ménage prend un bus de la ligne 6 à l’arrêt Poincaré à Bischheim pour rejoindre le hub, situé proche des bureaux dans lesquels elle travaille. Juste avant 9h, elle reprend le bus pour se rendre à Souffelweyersheim. “Je n’ai pas de voiture. Cette ligne me permet de cumuler deux emplois. Mais avec le confinement, mes horaires ont changé et à partir de 9h il y a moins de bus…”, déplore la quadragénaire.

Passé 9h, la gare s’endort et le calme reprend ses droits. Plus que l’ombre d’elle-même, il faut attendre 17h pour qu’elle se réveille de nouveau.

Elia Ducoulombier et Emma Steven

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