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12/09/19
15:42

Au bord de la future autoroute, Kolbsheim se reconstruit

Jusqu’au 20 septembre, des habitants de Kolbsheim, organisent « 10 jours vert le futur ». Un an après la fin de la lutte contre Grand Contournement Ouest, la défaite reste amère.

Le temps s’est arrêté le 10 septembre 2018 à Kolbsheim. Ce jour-là, des camions de CRS sont entrés dans le village, marquant la fin d’une lutte de plus de trois décennies. Un an après, les habitants sont encore traumatisés. Les banderoles « Tous unis contre le GCO », du nom du projet de rocade qui contourne Strasbourg, sont gravées sur les murs des habitations comme les témoins du conflit qui opposait un village contre la Région et l’Etat. Avec à peine plus de 900 habitants, Kolbsheim fait partie de ces villages ruraux transformés après l’implantation d’une Zone à Défendre. Mais à la différence du Larzac ou de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique, la lutte du bastion alsacien s’est soldée par un échec.  Si certains recours en justice sont en cours de traitement, l’autorisation par le préfet de reprendre les travaux a scellé le destin de la bourgade du Bas-Rhin. L’autoroute sera.  

Les banderoles contre le GCO collées aux murs./ Photo Mariella Hutt

Le mutisme de la défaite

Sur ce qui était encore il y a un mois, la « ZAD du moulin », caravanes, campements de fortune, repas partagés et les discussions autour du feu ont disparu, laissant pour seuls vestiges de l’occupation, un tas de débris et une paire de chaussures élimées. « La Zone à Défendre n’a plus de raison d’être, se résigne Caroline Ingrand-Hoffet, pasteure et figure de proue du mouvement, nous vivons avec un sentiment de défaite. » Depuis, les premiers coups de tractopelles une atmosphère morose plane au dessus de Kolbsheim. 

Au coeur du bourg, Freddy, la gorge nouée, évoque ce traumatisme « Très peu de gens s’expriment sur le GCO ». Pour ce palefrenier de 56 ans, les plaies ne se refermeront pas de sitôt : « Il restera quelque chose encore dans 10 ou 15 ans. 

Sa voisine nonagénaire, Germaine, veste de velour sur le dos et foulard blanc noué autour du cou, peine à contenir sa tristesse « La lutte m’a vraiment éprouvée, il reste encore beaucoup de séquelles ». La « Mamie zadiste », au déambulateur estampillé « GCO non merci » en est convaincue : « C’était la bataille la plus importante de ma vie. » 

Cet échec, les Kolbsheimois le subissent au quotidien. « Le passage dans le village des gros camions, nous le rappelle constamment », maugrée la cheffe protestante. La fille de Caroline, en maternelle, se plaint du bruit des travaux, qui commencent dès 5 heures du matin : « Maman j'en ai marre du GCO, ils nous empêchent de dormir ». La circulation aussi est perturbée : « En raison de travaux, cet arrêt ne sera pas desservi jusqu’en novembre », peuvent lire les voyageurs à destination de Strasbourg sur le panneau de l’abri de bus. Lana, une villageoise de 12 ans, doit esquiver les routes barrées pour rentrer chez elle : « Ma maison a vue sur l’autoroute », regrette-elle. Son paysage ? Une forêt, dépeuplée de ses arbres. Des panneaux réfléchissants, barrières de chantier, grillages et gravats, difficiles à distinguer au travers de la poussière que les allers-retours de camions engendre dans leur sillage. « Notre village est défiguré », déplore Danny Karcher, le maire de Kolbsheim. Avant d’être réquisitionnée par l’entreprise Vinci, une partie du terrain approvisionnait Thibault en légumes. Ce maraîcher de 29 ans a perdu huit hectares. Même si son combat n'a pas porté ses fruits, il a fait « ce qui lui semblait juste » et plus tard, il pourra « répondre de [leurs] actes ». Depuis, l’agriculteur a changé son comportement politique : « Je pense voter blanc à la prochaine élection ». Ces citoyens en veulent à une démocratie « qui est encore perfectible », souligne le maire, « fâché avec les politiques ».

Le chantier du GCO a déjà commencé./ Photo Mariella Hutt

Un combat gagné sur d'autres terrains

 

Cet échec, les Kolbsheimois le subissent au quotidien. « Le passage dans le village des gros camions, nous le rappelle constamment », maugre la cheffe protestante. La fille de Caroline, en maternelle, se plaint du bruit des travaux, qui commencent dès 5 heures du matin, « Maman j'en ai marre du GCO, ils nous empêche de dormir ». La circulation aussi est perturbée : « En raison de travaux, cet arrêt ne sera pas desservi jusqu’en novembre » peuvent lire les voyageurs à destination de Strasbourg sur le panneau de l’abri de bus. Lana, une villageoise de 12 ans, doit esquiver les routes barrées pour rentrer chez elle « Ma maison a vue sur l’autoroute. » regrette-elle. Son paysage ? Une forêt, dépeuplées de ses arbres. Des panneaux réfléchissants, barrières de chantier, grillages et gravats, difficiles à distinguer au travers de la poussière que les allers retours de camions engendre dans leur sillage. « Notre village est défiguré” déplore Danny Karcher, le maire de Kolbsheim. Avant d’être réquisitionné par l’entreprise Vinci, une partie du terrain approvisionnait Thibault en légumes. Ce maraîcher de 29 ans a perdu huit hectares. Même si son combat na pas porté ses fruits, il a fait « ce qui lui semblait juste » et plus tard, il pourra « répondre de [leurs] actes ». Depuis, l’agriculteur a changé son comportement politique « je pense voter blanc à la prochaine élection ». Ces citoyens en veulent à une démocratie « qui est encore perfectible », souligne le maire, « fâché avec les politiques. »

Une des exopositions pendant les «les 10 jours»./ Photo Emma Conquet

En réaction, Freddy n’a pas seulement décidé de « voter Vert », il a aussi adopté de nouvelles pratiques écologiques. Dans la cour de sa maison, armé d’une brosse, il nettoie ses citrouilles, prématurées en ce mois de septembre  : « Je suis passé à la permaculture dans mon jardin », précise-il. Comme lui, d’autres habitants ont développé une sensibilité à l’environnement. « Je fais le tri sélectif et j’utilise moins de produits chimiques », se félicite Alice, employée de La Poste de 57 ans. 

Devant le presbytère, lieu emblématique de la lutte, des jeunes de la commune écoutent religieusement le son du handpan, une percussion métallique en forme de soucoupe volante. Un ancien occupant de la ZAD leur offre un concert improvisé. « Un mouvement citoyen est né, avec de belles rencontres, s’enthousiasme Caroline Ingrand-Hoffet. Ça a créé des liens entre les habitants et les militants venus d’ailleurs. » De ce constat lui est venu, avec quatre autres militants, l’idée d’organiser un rassemblement : « 10 jours vert le futur ». Autour de conférences, de débats et d’ateliers, les participants préparent l’« après GCO ». Pour que la lutte ne soit pas vaine, « Ces deux semaines marquent le début de la résilience dans le village », ajoute la pasteure. 

« La lutte continue »

Mike, zadiste de la première heure, est revenu spécialement. Il a soutenu plusieurs contestations mais à son sens, Kolbsheim est « à part ». « Un petit germe a poussé ici, se réjouit-il, il y a matière à faire et si ce n’est plus pour le GCO, les gens vont continuer à se battre pour la terre. » Vers 15 heures ce mercredi, dans la salle communale, une dizaine d’enfants, assis en tailleur, jouent les apprentis compositeurs. « Faut pas détruire la nature, sinon y’aura plus de nourriture », « On va fabriquer des machines avec des plantes », répètent-ils en chœur lors de cette activité extra-scolaire.

La réunion festive se termine le 20 septembre, date à laquelle en 2017, des opposants ont sonné les cloches de l'église, pour appeler à stopper les engins de chantier. « On voulait finir sur une date positive », précisent les organisateurs.

Kolbsheim garde les stigmates de la lutte contre le GCO mais les habitants veulent conserver cette force collective pour créer de nouveaux projets, toujours en lien avec l’environnement et la solidarité. À 90 ans, Germaine, poings serrés, tapant du pied, reste optimiste : « Je ne sais pas combien de temps je vais encore vivre, mais la lutte continue. » 

Emma Conquet et Mariella Hutt

À 90 ans, Germaine est la doyenne du mouvement d'opposition au GCO.

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